Il n’y a rien à dire sur la personne exemplaire et courageuse qu’est Irène Frachon, mais il y a bien sûr à juger des qualités du film d’Emmanuelle Bercot qui s’inspire de sa lutte contre l’industrie pharmaceutique. La réalisatrice a pris le parti du thriller et même si on connait l’issue du combat de la pneumologue, il peut être intéressant d’en connaitre les mécanismes et les imbrications en recourant aussi à une dimension fictionnelle qui sort du coup La Fille de Brest du registre documentaire – les incursions à l’écran des dates et des lieux apparaissant brouiller les pistes, mais c’est un détail.


S’il n’ennuie jamais, le film n’est pas pour autant haletant, manquant de substance et de rebondissements. On aurait aimé voir davantage les manœuvres et les plans d’actions du laboratoire et le personnage dit ‘Père Noël’ développé car il constitue un chainon essentiel dont les contours de l’action d’abord entravée restent flous. Mais on a bien compris qu’Emmanuelle Bercot veut se concentrer sur Irène Frachon dont elle confie l’interprétation à l’actrice danoise, héroïne de la série Borgen, Sidse Babett Knudsen. Ce qui pourrait être une bonne idée – une actrice étrangère qui apporte un œil extérieur au microcosme hospitalier et médical où elle exerce – finit néanmoins par peser car la belle comédienne au regard clair et franc en rajoute beaucoup dans la composition : exagérément enjouée, débordante d’énergie, elle a le verbe haut, une grande gueule aux dires de son collègue Antoine Le Bihan (Benoît Magimel qui a pris quelques kilos pour le rôle), des jurons plein la bouche.
Sympathique et dynamique, mais aussi agaçante et un tantinet narcissique – ce que le film n’oblitère pas.


D’ailleurs, on peut reconnaitre qu’en effet il y va souvent franco, notamment dans deux scènes (une opération et une autopsie) particulièrement éprouvantes, d’abord utiles à asseoir la véracité des images. La cinéaste dédie le film à son père qui était chirurgien cardiologue, une voie qu’elle avoue avoir voulu suivre. Nullement déshonorant, toutefois mou par instants, phagocyté par la présence de Sidse Babett Knudsen, le film parvient cependant à communiquer cette énergie humaniste et altruiste mise au service de milliers de malades d’une lanceuse d’alerte qui n’a jamais baissé les bras.

PatrickBraganti
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le 23 nov. 2016

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