La gloire peut être épuisante à porter.
Je situerais ce film entre "Vingt ans après" et "Le vicomte de Bragelonne".
Il s'agit d'une aventure inspirée des romans d'Alexandre Dumas, donc un film de cape et d'épée: c'est bien le problème. La chorégraphie des combats est très mauvaise. Il faut dire qu'avec des acteurs (et personnages) sexagénaires et une actrice hyper féminine aux gestes gracieux, les adversaires doivent faire de gros efforts pour paraître dominés.
Heureusement, il reste les dialogues. Je ne sais pas si l'on doit remercier Alexandre Dumas ou les scénaristes du film, mais ils sont tout à fait savoureux et surtout portés par d'excellents acteurs tels que Claude Rich dans le rôle du méchant ou Luigi Proietti en caricature de Mazarin.
Les personnages de Dumas père ont tendance à se prendre au sérieux. Ici, ils deviennent fantaisistes et la limite entre bons et mauvais tend à s'effacer. On s'amuse à bousculer les images des personnages comme cette confusion entre Athos et Rochefort. Mais on tue toujours dans la joie et l'allégresse.
Dumas critiquait volontiers les hommes et la société avec sérieux: "Il y aura en tout temps et dans tous les pays, surtout si ces pays sont divisés de religion, des fanatiques qui ne demanderont pas mieux que de se faire martyrs." Il pouvait parfois prendre un ton prophétique.
Tavernier le fait aussi, mais sur un ton plus léger: "Ah! J'ai oublié de lui dire de ne surtout pas révoquer l'édit de Nantes", parfois plus perfide: "Paris est une ville capricieuse, ceinturée par les marauds, envahie par les gredins."
Mais que ce soit avec l'un ou avec l'autre, on garde ce goût pour la charcuterie et la bonne chère à la française.
Mais le charme du film repose surtout sur l'énergie, le charme piquant et les beaux yeux (et pas que...) de Sophie Marceau.
Pourtant quand tout est basé sur la qualité des dialogues et leur interprétation, on rate l'essentiel de ce qui fait le cinéma: l'expression par l'image. Ici, elles ne sont que de belles illustrations. On a le sentiment que Tavernier a cherché à boucler une affaire qui ne l'intéressait pas.