Quand Bergman se permet un hors-série
On ne reconnaît pas trop la patte d'Ingmar Bergman à travers cet opéra filmé, qui s'éloigne énormément de ses films habituels et de ses thèmes de prédilection. D'emblée, on constate qu'il est dommage pour le réalisateur d'avoir pris le parti de faire un film (en l'occurrence un opéra) dans le film, en montrant de temps à autre les spectateurs et notamment les réactions d'une petite fille. De ce fait, la force de la pièce (et du film) perd forcément un peu de son impact vu que l'on nous fait comprendre dès le départ qu'elle est fictive. De plus, la trop longue ouverture de huit bonnes minutes devient un peu gênante est risible à force, avec cette caméra passant inlassablement d'un visage de spectateur à l'autre.
La pièce en elle-même est très agréable à voir (les costumes et les décors sont lumineux) et pleine de fraîcheur, mais souffre hélas d'une mauvaise gestion du rythme selon les tableaux. Heureusement que quelques scènes comiques et décolletés gonflés s'invitent à la fête pour nous sortir d'une torpeur naissante. L'idée de faire un opéra filmé était bonne et prometteuse, mais on était en droit d'attendre quelque chose de moins lisse et de plus personnel de la part d'Ingmar Bergman. Cet opéra adapté de l'œuvre de Mozart est certes beau, mais on a un peu l'impression que n'importe quel réalisateur aurait pu accoucher de ce résultat trop académique.