On reconnaît de çà de là les plumes de Corneille et de Valéry, revigorées avec talent par Grégoire Leprince-Ringuet en dépit d’une difficulté évidente à mêler le vers d’un autre temps pour chanter les affres de la passion amoureuse, eux éternels. C’est dans ses tentatives que La Forêt de Quinconces fonctionne et intrigue : constamment en hésitation, tirant de son imperfection congénitale une puissance lyrique et poétique, le film s’autorise pauses et digressions, exige du spectateur un effort pour non percer ses secrets mais seulement errer, à l’instar du protagoniste principal, dans l’instabilité d’un cœur qui bat. Et le segment médian, sans raison apparente, constitue à ce titre la partie la plus réussie d’un long-métrage parfois envoûtant mais guère abouti, la faute, certainement, à l’incapacité que rencontre Leprince-Ringuet à se laisser de côté pour, ne serait-ce qu’un temps, accueillir ce hasard pourtant répété par le mendiant sphinxial. Tout le film, de sa construction éclatée aux changements de cadre, donne l’impression d’un hasard trafiqué, d’une œuvre persuadée d’être ventilée et qui, néanmoins, ne supporte pas le lâcher-prise.

Créée

le 8 juin 2019

Critique lue 234 fois

Critique lue 234 fois

D'autres avis sur La Forêt de Quinconces

La Forêt de Quinconces
Zhurricane
3

Un film pas naturel.

Non non c'est juste pas possible de sortir un tel film, c'est du théâtre filmé. Pourtant j'aime plutôt le théâtre filmé, basé sur des dialogues. Ce qui fonctionne dans le théâtre, ne fonctionne pas...

le 23 févr. 2020

1 j'aime

La Forêt de Quinconces
CaDuCi
4

Critique de La Forêt de Quinconces par CaDuCi

Vouloir conjurer le théâtre filmé par du cinéma filmé, c’est non point s’ouvrir à la possibilité d’une alliance fructueuse, mais plutôt à la garantie de multiplier l’un par l’autre.

le 25 août 2016

1 j'aime

La Forêt de Quinconces
etsecla
10

Film total

La forêt de Quinconces laisse éperdument admiratif. Dès son premier long-métrage, Grégoire Leprince-Ringuet réussit un film ‘’total’’, où non seulement tout a été pensé, avec une vraie ambition...

le 6 août 2019

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

89 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

78 j'aime

14