En 1958 sortait "It ! The Terror from Beyond Space", film qui de nos jours est totalement inconnu et semble vraiment anecdotique dans l'histoire du cinéma puisqu'il semble être un vulgaire film de série B des années 1950 comme l'ont été des tas d'autres films et pourtant on peut dire qu'il a été un minimum important car ce film a étonnamment inspiré John Carpenter, l'un des maîtres du cinéma d'horreur (c'est lui-même qui a parlé de ce film) et SURTOUT extrêmement fortement inspiré la création de l'emblématique créature du cinéma de science-fiction (et son premier film réalisé par Ridley Scott) Alien. En effet, quand on lit le pitch de ce film, c'est exactement Alien. Des mecs dans un vaisseau spatial qui se font zigouiller un par un par une créature extraterrestre inconnue qui a la dalle.. Et très franchement, en de nombreux points, on peut quasiment dire que le film "Alien, le huitième passager" est en réalité un remake de ce film. Il y a pas mal de choses qui changent, mais ça reste à peu de choses près un remake.


Qu'en est-il de ce film, donc ? Eh ben.. C'est pas terrible. En effet, série B des années 1950. Fallait pas s'attendre à grand chose. Mais il est vrai que tout n'est pas à jeter.
Tout d'abord, le film partait sur de bonnes bases, car j'ai trouvé qu'une phrase caractérisant l'être humain tuait sa race (dans tous les sens du terme), en début de film, c'est la suivante : "Il n'existe qu'un genre de monstre qui tue par balle". C'est tout simple mais c'est bien sorti, j'aime.
Mais parlons de l'essentiel : l'alien. L'idée était en fait géniale, mais c'est clairement le manque de budget et de moyens qui le rendent nul. Le réalisateur essaye de rendre sa bête effrayante avec pas mal d'éléments factuels (puisque le budget ne permettait pas de le rendre terrifiant de façon visuelle, il fallait bien trouver autre chose) tels que sa résistance. Il essaye de nous faire peur avec une bête qui parvient à tuer les hommes (nous) qui sont pourtant sur leur territoire, dans leur environnement (leur vaisseau), qu'ils contrôlent pourtant à leur guise (ils ferment les portes à distance, etc..), tout comme ils ont pourtant de l'avance sur elle d'un point de vue technologique.. Une bête qui parvient également à résister sans problème à tout ce que l'Homme a créé spécialement pour tuer normalement sans mal (les explosions, les armes à feu, etc..). Cette bête est d'ailleurs certainement une sorte de métaphore, ou de monstrification de l'être humain (par sa forme humanoïde, même si il semble évident que l'une des raisons principales de cette forme reste avant tout le manque de budget, et ça se voit dans la mocheté absolue du costume), qui tue pour bouffer (serait-ce l'un des premiers films vegans ?). Mais voilà, le visuel fait que tout ceci, tout ce qui a été entrepris pour faire peur tombe un peu à l'eau. Le xénomorphe créé 29 ans plus tard par Ridley Scott est sans doute bien plus effrayant grâce au temps et grâce à son visuel, et le budget supérieur.. Mais peut-être aussi parce que Ridley a été un peu moins con et a pensé à rendre sa bête plus vicieuse, en ne se contentant pas de tuer les humains, mais en se servant également d'eux pour enfanter.
En terme de réalisation, on sent aussi que ça laisse parfois un peu à désirer. Les décors de l'intérieur du vaisseau sont assez sympas, mais vu de l'extérieur, même avec de faibles moyens, il y avait d'autres manières de faire un vaisseau que ce cliché de la fusée toute moche en forme de suppositoire.. Et même sans budget, quand on a du talent, on sait gérer ce qui doit être privilégié dans un film d'horreur : l'ambiance. Ce qui n'est pas du tout le cas ici, le suspens est peu présent, et l'ambiance n'est pas oppressante comme elle devrait l'être (et comme elle l'est dans son remake). Puis des belles incohérences typiques des séries B viennent couronner le tout, telles que l'utilisation de grenades dans un vaisseau spatial.. Scott a du fortement s'inspirer de la scène des conduits d'aération, qui dans ce premier film est bien vite expédiée et mal utilisée.. Ridley a du, quand il a vu cette scène, saisir le potentiel d'un tel environnement, le potentiel claustrophobique et dangereux qu'il représentait, ce dont semblait se foutre le réalisateur de "It !'.


C'est aussi en ça que "Alien, le huitième passager" est un pur chef-d'œuvre et Ridley Scott un grand réalisateur. Il a su prendre un produit passé inaperçu et plutôt maladroit des années 1950, mais en saisir toute l'originalité en améliorant ce qui n'allait pas et en amplifiant ses quelques qualités. Il a su dénicher le potentiel d'un film qui n'avait pas les moyens d'être à la hauteur de ses ambitions pour mettre son talent à l'épreuve, et signer ce qui sera l'une des plus grosses réussite du cinéma de science-fiction et d'horreur.

papagubida

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