Un doc qui ne laisse pas de glace...

Depuis La marche de l'empereur, Luc Jacquet fait partie des réalisateurs de documentaires qui m'attire dans les salles obscures. La Glace et le ciel nous montre le parcours de Claude Lorius, l'un des premiers scientifiques a avoir prouvé le réchauffement climatique grâce à l'amour qu'il a porté à son travail dans les terres hostiles de l'antarctique. Mais cette fois-ci il le fait essentiellement par un montage d'archives régulièrement entrecoupées par des plans d'une beauté assez saisissante d'un homme de 82 ans dans des décors qui pourraient être son Eden.
Sa vérité ne dérange plus, on la connaît et l'admettons tous, on peut être pessimiste ou fataliste face à cette réalité qu'il est beaucoup plus facile de comprendre à présent grâce aux travaux d'un homme qui s'est évertué à prouver au monde à quel point l'être humain est responsable du dérèglement climatique et de ses conséquences. Mais ici la morale n'a pas sa place, le constat se ponctue par une simple question qui nous concerne tous, comme si de toutes façons il était presque déjà trop tard..."Moi j'ai fait mon taf après tout, ça fait 30 ans que je vous avertis et maintenant à vous de jouer", j'ai l'impression que c'est ce que peut se dire ce vieil homme arrivé presque au bout de sa vie, qui a vécu de sa passion et qui tente avec l'aide de Luc Jacquet de nous en faire l'héritage.
Malheureusement ce film ne remplira pas les salles, il est déjà presque en fin d'exploitation dans la plupart des cinémas en France. A côté de moi à quelques sièges se tenait un homme qui devait avoir l'âge de Claude Lorius, j'ai appris par son épouse qui m'interpella à la fin de la séance qu'il avait jadis travaillé aux côtés du héros de ce documentaire. Et ils m'ont tous deux conté quelques détails qui ne figurent pas dans l'oeuvre de Jacquet qui m'ont fait réaliser à quel point cette génération de scientifiques et de techniciens ont sacrifié une partie de leur vie pour nous informer et nous mettre en alerte. Le visage du vieil homme que je laissais s'éloigner de moi semblait marqué d'un air presque désabusé...et au final m'aura peut-être encore plus touché que ce que j'avais vu auparavant. Cela dit avec un peu de recul je me dis que c'est sans doute aussi grâce au film de Luc Jacquet que je pus m'émouvoir autant de cette expérience.