Le carnaval des animaux
La Grande cavale impose une identité non pas tant visuelle, quoique certains plans attestent un soin accordé à leur composition, que tonale, essentiellement axée sur le bouffon le plus trivial avec...
le 23 avr. 2020
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La Grande cavale impose une identité non pas tant visuelle, quoique certains plans attestent un soin accordé à leur composition, que tonale, essentiellement axée sur le bouffon le plus trivial avec moult pets, rots et vomi qui s’inscrit dans un cadre campagnard et terrien.
Or, le ton adopté sied plutôt bien au film, lui donne des allures de grand carnaval dans lequel les identités se travestissent : l’âne devient un zèbre, le chien maltraité se la raconte et joue les gros bras, la chatte s’improvise détective et part à l’aventure. Les personnages principaux traduisent ainsi une dégradation de leur animalité congénitale du fait des agissements déraisonnés de l’homme qui les maltraite ou les dorlote tel un enfant ; entre ces deux extrêmes surnage une douleur qui n’est jamais frontale, mais qui se diffuse au fil des péripéties. La propriétaire de Marnie projette sur cette dernière sa propre détresse affective, le fermier incapable de faire un choix et d’en assumer les conséquences transmet son infirmité au coq qui n’incarne plus la virilité triomphante de la basse-cour, mais davantage un corps impuissant que les femelles alentour veulent sacrifier, le chien reçoit la violence de son maître et s’enferme dans une solitude source de souffrance et d’exclusion. Le long métrage nous invite donc à dépasser les apparences pour saisir, derrière des attitudes parfois déconcertantes ou repoussantes, les battements d’un cœur qui bat à l’unisson d’un mal ; il défend en outre l’idée d’une mise en marche des différences, seule à même de les rassembler dans une identité de groupe qui les respecte.
Ce faisant, La Grande Cavale pense le quiproquo comme le moyen privilégié de relancer perpétuellement l’action principale, si bien que le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer et est embarqué sans difficulté pendant une heure et demie de divertissement sympathique, assez cliché au demeurant, mais jubilatoire. De nombreux clins d’œil au cinéma d’Alfred Hitchcock agrémentent en outre le visionnage de cette curiosité venue d’Allemagne, pas déplaisante.
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le 23 avr. 2020
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