Critique difficile...
Réalisé avant la seconde guerre mondiale, donc forcément inattaquable vu son sujet, La grande illusion est un formidable espoir pour la paix tant espérée. De la belle et franche camaraderie entre classes, de l'amitié entre les peuples, de beaux moments d'acteurs, la guerre est une belle saloperie et le respect, la tolérance et l'amitié franche et virile existent entre tous pendant et au dessus de cette guerre, même l'amour peut surgir du coin d'une montagne, le noir et blanc est scintillant, les sentiments purs et simples, essentiels, la mise en scène précise explique et détaille toute une époque, tout ça... Malheureusement pour moi, mon grand-père m'a surement beaucoup plus touché quand il m'a raconté les parties de boules de neige et les messages qu'il échangeait avec les allemands sur le front et lorsqu'il était prisonnier. ça reste à mes yeux traité ici avec une évidence naïve à toute épreuve. Il y a quelque chose de terriblement mécanique dans ce film, de la mise en scène au jeu des acteurs. Le grand Erich Von Stroheim impose sa présence mais hésite forcément beaucoup plus en français, bel effort malgré tout, à un tel point qu'il doit même s'exprimer en Anglais de temps à autres. Et ne me dites pas que c'est pour élargir le champ des horizons. le duo central Pierre Fresnay / Von Stroheim réserve de très beaux moments mais eux aussi sont souvent d'une évidence irritante, comme une impression désagréable de constamment anticiper la contenance de ce qui va se dire. Le film est très bien construit, oui mais linéaire. La suite des évènements se devine aisément un bon quart d'heure à l'avance. De plus, le final aurait dû être celui entre les deux généraux, la suite sonne comme un rajout loin d'être nécessaire. Jean Gabin est très bon dans certaines scènes et beaucoup plus à côté dans d'autres. Malheureusement aussi, je n'apprécie guère plus que ça l'humour aux calembours antédiluviens du genre "comment va tuyau de poêle" et compagnie qui jonchent la première partie et me rappellent les méchouis familiaux de mon enfance dans la ferme de mes grands-parents, Frou Frou aussi tout ça. C'était sympa à l'époque... C'est sûr que Les paroles de La Marseillaise sont tout de suite beaucoup plus fédératrices en temps de guerre aussi...
Aujourd'hui, il serait peut-être temps de mettre simplement cette belle amitié entre les peuples en application. Ah mais oui c'est vrai, c'est ça la grande illusion... Suis-je bête ?..
... Et le géranium, une fleur pour la paix des Hommes et leurs esprits tourmentés... C'est beau...
C'est très bien écrit pourtant. D'autres vivront les dialogues au rythme de leur sagesse et de leur affection toute naturelle mais là non, je ne peux pas.