«... A l'aube, au moment où le soleil flamboie au dessus des zones bâties, mordant de sa bouche incandescente les chairs flasques de guerriers aux cheveux blancs attendant l'ouverture de la bataille. Sur ce champ de guerre goudronné et marqué au sol pour le rangement correct des chars métalliques. Le silence se fait. Les chemins étaient déserts autour de l'étendue commerciale bétonnée. Le vent soufflait une poussière jaune qui venait se coller sur les visages moites de ces héros à casquettes molletonnées. Les combattants dans un silence spectral se toisaient du regard, faisant luire leurs caddies de métal et le riche bois de leur canne à marcher aux rayons argentés d'un astre solaire bien seul dans l'éther bleu pâle; presque blanc. Les gouttes de sueur perlaient sur ces visages gris, tannés, creusés comme l'immonde lit du fleuve Styx qui n'allait pas tarder à charrier ces âmes viles vers ces ténèbres infernales cachées sous la terre. Dans un fracas d'airain assourdissant, des Harpies chauves et masquées, aux bras cerclés de l'écusson "sécurité" apparurent derrière le verre sale des portes mécaniques du champ de bataille. Les portes de verres estampillées du blason de la puissante famille "Intermarché", se mirent à vibrer et à glisser sur elles-mêmes, laissant entrer dans une cohue indescriptible des hordes de combattants voûtés comme la Sainte Chapelle et prêts à en découdre. La première bataille eut lieu aux premières heures de la journée et sous les néons vibrants de l'entrée principale, sur la plaine prospère et fertile dénommée: "PROMOTIONS"...»
C'était jadis. Au temps des rois glabres à la nuque rase et aux tuniques bleu sombre que tout commença. Ces rois qui avaient posés dagues et armures pour la ruse et la plume, abandonnés le noble destrier et la puissance tribale pour la chariote de fer et la déesse mondialisée. Cette époque maudite des Dieux où tout bascula.
En l'an de grâce du double vingt, année sombre marquée par le règne de Macronus le jeune où le bel souverain avait offert le royaume aux usuriers sans scrupules et à la bienpensance Pharisienne. Les temps n'étaient plus aux fêtes et aux banquets chez les sujets du jeune souverain. C'est en cette époque trouble où les Dieux semblaient avoir oublié le bas peuple qu'une plaie d’Égypte échappée du royaume d'Osiris s'écrasa comme le tonnerre de Zeus aux quatre coins du monde connu.
L'empire du Milieu, le grand territoire du dragon fut le premier a plier sous les attaques de cette peste jaune. Pecus, Mandarins et empereurs tombèrent comme mouches en hiver semant peur et incertitudes au coeur du grand peuple du Céleste Empire. Par goût du secret prononcé, les Extrèmes-Orientaux ne prévinrent que très tardivement les royaumes de l'Ouest permettant aux oiseaux de fer de répandre le virus couronné par delà les plaines fertiles d'Anatolie. Marchands et vagabonds contribuèrent grandement à la propagation de cette fièvre jaune mortifère en traversant mers et contrées, portant en eux la terrible affliction.
Pendant ce temps, les royaumes de l'Ouest continuaient à vaquer aux obligations de leurs états. Rien ne semblaient inquiéter ces puissances d'Occident dans leur arrogance et le contentement de soi. Les signaux envoyés par de nombreux alerteurs indépendants, ces appels à la prudence émis par ces mires aux yeux tirés n'ont que peu alarmés le comité de savants du Royaume de Francie. Rien ne pouvait détourner du bon vouloir du Prince, ce comité des sciences, ces vigies plantées au sommet des nations pour leur sureté. Macronus le jeune ne voulait pas entendre parler de cette peste orientale, ses médecins en bons courtisans, ne lui en parlaient pas.
L'homme paradait devant ses sujets, ne se souciant guère de cette peste lointaine, roulant carrosse dans les rues de Paris, faisant bombance dans les meilleurs estaminets de la capitale, allant aux représentations avec sa Dame: Notre bonne Reine Brigitte. Notre bonne Reine d'ailleurs, qui du haut de son bel âge et de son expérience du monde et de ses rouages, essayait vainement de raisonner son jeune roi et de calmer ses ardeurs festives comme elle le pouvait. Mais foin de réflexions, foin de peurs ridicules et irraisonnées pour le jeune roi conforté dans son irresponsabilité aveugle par son conseil des sages.
Depuis déjà long temps de ça et sous les règnes successifs de ses sanguinaires prédécesseurs, la confrérie des Hospitaliers, comme nos glorieux Templiers, fut au fil des ans lésée de leur or et foulée aux pieds par une noblesse avide et inconséquente. Cette fière et noble confrérie luttait depuis fort longtemps pour sa survie et celle de ses obligés malgré les coup bas d'un pouvoir vindicatif. Un pouvoir qui n'aura de cesse de détruire cette honorable corporation et cela sous tous les règnes. De Jacques 1er le Long à l'odieux Roi Sarko dit le nain et jusqu'au prédécesseur de Macronus le Jeune, François de Hollande dit le Rond, tous s'étaient ligués pour faire rendre gorge à l'Hospital public. Chirurgiens et apothicaires ne cessaient d'alerter la cour sur les dangers et les défaillances de la politique de bonne santé du pays mais rien n'y faisait. Les caisses du royaume ne profitaient guère aux hospices de santé mais se déversaient allègrement pour la noble chevalerie et le service d'ost ou pour les inutiles administrations des trop nombreux bourgmestres du royaume. L'argent des dimes et des fatigants labours paysans se dilapidait en payement de tristes fonctionnaires entièrement acquis aux magistrats municipaux et en matériel militaire onéreux et meurtrier pour mater les jacqueries de plus en plus fréquentes dans les différentes seigneuries du royaume. Le Duc de Castaner lui même eut maille à partir l'année précédente avec une fronde venue du bas peuple et nommée "Les Tuniques dorées" qui faillit renverser le trône et s'emparer de la Bastille. Les Hospitaliers étaient las de lutter pour leur survie, las de quémander quelques deniers et ne recevoir au final que coups et brimades par les gens d'armes du Duc de Castaner.
Mais les évènements allaient porter les sauveurs de vie en première ligne de la guerre qui s'annonçait.
à suivre.....