Je me rappelle avoir découvert La Guerre des Mondes à sa sortie en 2005, comme si c'était hier. J'avais 14 ans, une cinéphilie balbutiante et des références très minces, mais déjà un désir très fort de vouloir en découvrir plus. Ce bon vieux Steven avait donc toutes les cartes en main pour que son film me parle et me saisisse.
La Guerre des Mondes est à bien des égards un Spielberg singulier, bien qu'il ne soit pas considéré comme l'une de ses œuvres majeures. On y décèle pourtant bon nombre de qualités et obsessions du maître. Le rapport au père est une nouvelle fois très présent à l'écran, porté par un Tom Cruise impeccable dans la peau de cet homme qui ne peut pas et ne veut pas renoncer, prêt à se battre pour la seule chose qu'il lui reste : sa fille et son fils. Spielberg insuffle ici une émotion juste et une ode à la paternité de tous les instants. Si le réalisateur n'a pas souvent dirigé d'actrices dans des rôles principaux, bien qu'il ai fait des merveilles avec Whoopie Goldberg dans La Couleur Pourpre, il sait en revanche diriger un acteur, et Tom Cruise est ici magnifié. Touchant, désemparé, drôle aussi, mais en tout cas toujours crédible. Idem concernant Dakota Fanning, alors toute jeune aux côtés de Justin Chatwin.
La première partie du long-métrage est un déferlement d'action, jamais gratuite cela-dit, qui permet à Spielby de montrer sa toute puissance de frappes visuelles. Tel un tripod déchaîné, la mise en scène nous assène avec grâce et maîtrise des images de terreur et de foules en paniques lorsque les envahisseurs passent à l'action. Plus tard le ton change et s'aggrave pour montrer une autre facette de l'écriture mais aussi des intentions de réalisations. La photographie se teinte petit à petit de rouge, la nuit s'installe, tout s'assombrit à l'image de la menace qui grandit prenant les protagonistes au dépourvu. La Guerre des Mondes est assurément l'un des films les plus sombres de Spielberg, il y dépeint une humanité en déroute et terrifiée, retranscrivant avec justesse les sentiments d'une apocalypse aussi peu crédible que pourtant redoutée.
Le dernier acte quant à lui fait débat, et il est vrai que si la résolution de l'intrigue est logique, elle est un peu vite expédiée. Quoi qu'il en soit La Guerre des Mondes fait aussi office de plaque tournante dans la carrière de Steven Spielberg. Adieu les gentils extra-terrestres de E.T. et Rencontres du troisième type, ici les aliens sont sans pitié et avides. On pense évidemment aux récents évènements, tragiques, qui ont secoués l'Amérique quatre ans plus tôt, mais Spielberg plutôt que de dépeindre une nation au bord du gouffre face à la menace terroriste, nous parle avant tout du monde. C'était presque prophétique finalement.
La Guerre des Mondes est l'un de ces films dont je me souviendrais longtemps, il a marqué ma mémoire non pas seulement comme un bon cru de Steven Spielberg mais bien comme l'une des nombreuses œuvres qui m'ont données envie de découvrir encore plus le cinéma. Je pense sans trop me tromper, rendre un bel hommage au travail de Spielberg en disant cela.