Immense succès populaire du cinéma français de 1979, La Guerre des polices de Robin Davis vaudra même à Claude Brasseur le César du meilleur acteur en 1980 (Face à Patrick Dewaere pour Série Noire Putain de Merde !!!!). Le film semble être avec le recul l'axe pivot entre le polar plus traditionnel des années 70 et celui des années 80 qui verra fleurir sur les écrans des flics en jean basket et blousons de cuir aux allures de voyous avec des films comme L'indic, L'arbalète, La Baston, La Balance, Un Dimanche de flics, Flics de Choc Etc etc ...
La Guerre des Polices nous raconte la rivalité entre deux brigades qui vont devoir travailler ensemble pour arrêter Sarlat l'ennemi public numéro un du script. Le commissaire Ballestrat de la brigade territoriale se retrouve contraint de faire équipe avec le commissaire Fush à la tête de la brigade anti-gang. Une coopération de façade qui cache en fait une rivalité profonde et une course poursuite entre les deux brigades pour être la première à mettre la main sur le criminel...
La Guerre des Polices est un polar intéressant et plein de charmes, et je ne parle pas uniquement de ceux de Marlène Jobert toute nue. La plus grande force du film vient incontestablement de l'affrontement de ses deux hommes avec d'un côté un Claude Brasseur opiniâtre, frontal et rentre dedans et de l'autre un excellent Claude Rich parfaitement détestable en commissaire manipulateur, cynique , arrogant et pourri jusqu'au trognon. Autour de ses deux chefs de meutes gravitent de nombreux personnages qui nous donnent l'occasion d'apprécier une formidable galerie de seconds rôles propres aux années 70 avec en vrac Jean François Stevenin, Jean Pierre Khalfon, Rufus, Jean Rougerie , Feodore Atkin , Franck Olivier Bonnet, Etienne Chicot ... on croisera même Dominique Besnehard pour une très courte apparition de second plan et le comédien hardeur Richard Allan qui vient montrer sa bite dans un rôle d'exhibitionniste. Bien plus qu'un film d'action ou un thriller intense La Guerre des Polices est avant tout un formidable film d'acteurs et d'actrice puisque Marlène Jobert y livre une belle performance de flic fragile et sensible. L'aspect le plus percutant du film de Robin Davis reste donc cet affrontement qui va pousser les deux brigades à se faire des crasses, des dissimulations d'éléments d'enquêtes et des cachotteries qui iront jusqu'à entraîner la mort d'innocents sur l'autel d'une rivalité d’ego. Le film tacle aussi l'administration ronronnante et les enjeux politiques qui dictent la conduite des enquêtes de terrain jusqu'à l'absurde. A noter l'hallucinant dialogue du film prononcé par une administration triomphante : "Si vous avez choisi d'être flic c'est bien pour être payer à pouvoir tabasser des arabes, des noirs et des pédés" .....
Malheureusement le film de Robin Davis manque aussi de tension, de suspens et l'enquête pour retrouver ce fameux criminel semble au bout du compte assez mollassonne et bien pauvre en enjeux dramatiques majeurs. Les quelques scènes d'action manquent elles aussi d'ampleur et de force donnant au film une ambiance un petit peu lisse et ennuyeuse que même les relations les plus tendues ne parviennent pas à réveiller complètement. Il manque peut être juste au film l'étincelle d'un grand réalisateur pour le démarquer d'un format globalement un peu passe partout et sans grandes ambitions tant visuelles que narratives.
La Guerre des Polices reste un bon polar à la française qui supporte pas trop mal le poids des années, plus de trente ans après sa sortie le film reste un agréable divertissement peut être un poil surestimé à son époque mais c'est un autre débat.