Ils sont décidément très forts chez Pixar. De merveille en merveille, les petits génies du studio à la solde de Disney n'arrêtent pas de nous surprendre, et on ne s'en plaindra pas.
Après nous avoir fait explorer les fonds marins, après avoir fait brûler comme jamais l'asphalte, après nous avoir fait voyager dans l'espace, ces magiciens de l'animation nous proposent de décoller au septième ciel en compagnie de Carl Fredricksen, un vieux grincheux aventurier dans l'âme qui décide de transformer sa maison en Nautilus des airs après la disparition de sa tendre moitié. Inconsolable mais décidé à réaliser le rêve de celle qu'il a toujours aimé, Carl entraînera le jeune Russell dans un paradis perdu d'Amérique du Sud où ils y croiseront chiens un rien bavards et volatile étrange particulièrement friand de chocolat.
Ce qui frappe tout d'abord, c'est l'incroyable densité du scénario, Bob Peterson et Pete Docter n'ayant rien laissé au hasard. Tout ici se justifie, chaque "pourquoi" trouve son "parce que" avec une facilité déconcertante, même si la complicité du spectateur est mise à rude épreuve dans le simple fait de concevoir une maison soulevée par aussi peu de ballons et dirigée à l'aide de tentures. Mais qu'importe le réalisme car Là-haut touche à des réalités très concrètes, à savoir l'acceptation du deuil et l'accomplissement de soi. Le besoin de découvrir à nouveau l'envie de vivre se juxtapose à la soif de grands espaces, ce nouvel infini synonyme de grande épopée où aventure rime avec un nombre incalculable de superlatifs qu'il convient d'évoquer brièvement : ébouriffant, émouvant, coloré, spectaculaire, foisonnant, généreux, enivrant, ou encore époustouflant. Bref, le long métrage de Peterson et Docter déborde d'une tendresse hautement contagieuse.
Bien sûr on pourra regretter une légère baisse de rythme une fois la destination atteinte, arguant que le monde onirique promis manque de folies candides issues du plus profond des entrailles de l'imaginaire exotique. Mais n'est-ce pas pas là toute l'intelligence des artistes de Pixar d'avoir privilégier la densité émotionnelle à la surcharge dépaysante, d'autant que l'anthropomorphisme des animaux permet de ne jamais s'écarter des considérations humaines inhérentes aux desseins affichés par cette histoire capable de nous faire passer des rires aux larmes en un battement d'aile de dodo. En témoigne le générique ouvrant le film, d'une virtuosité encore jamais égalée pour raconter la vie de deux personnes qui se sont aimées une vie durant. Incontestablement une des meilleures séquences du cinéma d'animation, la vive émotion s'en dégageant devant beaucoup au travail du compositeur Michael Giacchino. Tout cela constitue une parcelle des nombreuses raisons qui font de Là-haut un des films les plus indispensables à voir cette année, le risque de ne plus toucher terre étant fortement conseillé.
En bref : Parfaitement animé, profondément touchant, véritable modèle de rythme et de bravoure, Là-haut apparaît comme le film qui rappelle à toutes et tous qu'en matière de film d'animation, Pixar est de loin le maître du genre.