Hier au soir (j'ai écrit cette critique le 24/08/2009), avec ma petite famille nous avons trouvé (enfin) le temps d'aller au ciné voir "La-haut", le dernier Pixar de Pete Docter. Je ne vais pas faire dans l'originalité en vous disant que le film est vraiment excellent jouant avec nos émotions tel des montagnes russes. On rit, on pleure, on réfléchit (et oui, même dans une salle de cinéma) car le film parsème quelques passages graves ne laissant pas indifférent. Mais ce film m'a surtout plu parce qu'en cours de projection, à un moment clé de l'histoire j'ai échafaudé une théorie parfaitement cohérente selon moi, me faisant encore plus ressentir d'empathie avec le personnage principal. Que je sois dans le vrai ou pas, c'est cela la magie du cinéma, que chaque spectateur appréhende un film d'une manière différente, sans pour autant nuire à la qualité du long métrage.
Je vous expose ma théorie dans le spoiler du dessous afin de ne rien révéler aux personnes n'ayant pas encore vu ce nouveau chef-d'oeuvre de Pixar:
On ne va pas se voiler la face, au-delà de l'esthétique très cartoon si chère à Pixar, la première partie du film est troublante de réalisme, je fais allusion à la dureté de la vie, la perte d'un être cher, les décisions de justice, la vieillesse et la solitude, l'impossibilité d'avoir des enfants, le sentiment de constat d'échec et de rêve que l'on ne réalisera jamais fatalement. La deuxième partie (commençant avec le décollage de la maison) bascule complètement dans le cartoon, avec ses incohérences et facilités scénaristiques obligatoires (une maison qui s'envole avec des ballons, le fait qu'on ne voit pas Russel devant la porte de la maison quand elle s'envole, l'arrivée "très précise" de la maison en Amérique du sud pile poil face aux chutes, l'oiseau "Kevin", etc.).
Bref, je reste persuadé que tout le film, à partir du moment où la maison s'envole se passe dans l'imagination de Carl. Rappelez-vous, suite à l'agression involontaire de Carl sur un ouvrier abîmant sa boîte aux lettres, Carl est forcé de déménager dans une maison de retraite. L'histoire bascule juste après que Carl ait remis sa valise aux deux infirmiers qui expliquent que ça se passe toujours comme ça, que les personnes âgées souhaitent toujours rester seules 5 dernières minutes dans leur futur ex domicile. Il me semble donc évident que Carl partira bien avec les infirmiers et que tous le reste n'est qu'imagination, rêve, hallucination ou pur fantasme pour fuir la réalité. Un indice: dans la deuxième partie, Carl rêve tout éveillé qu'il pend Russel au-dessus du vide et des buildings et qu'il le lâche.
De plus Russel, c'est un peu Carl, ou l'inverse. Jamais nous ne verrons les parents de Carl. Carl et Russel ont la même passion pour l'exploration. A un moment Russel explique qu'il ne voit jamais son père et qu'il n'a pas de mère (mais une belle-mère), mais il y a contradiction puisque plus tard Russel explique qu'il jouait sur le trottoir avec son père (chose qu'il fera à la fin avec Carl). La vie et les souvenirs de Russel semblent bizarrement étroitement liés avec ceux de Carl. Et à la fin du film, pas de père de Russel, même à la cérémonie de remise des badges (Carl jouera d'ailleurs le rôle du père), et nous savons que Carl et Ellie n'ont jamais pu avoir d'enfant suite à des complications médicales.
Pour conclure, prenons le livre d'aventure. Dans la partie fantasmée de Carl (partie du film où la maison s'envole), la section "trucs à faire" est vierge quand Carl la feuillète puisqu'il souhaite plus que tout remonter le temps. Mais la découverte qu'il fait à la fin du film (la section "trucs à faire" n'est plus vierge et remplie de photos) correspond à la dure réalité, Carl a toujours su qu'avec sa femme ils avaient entièrement rempli leur "livre d'aventure", mais il préférait se mentir à lui-même.
Voila, Je ne sais pas si vous avez eu le courage de me lire jusqu'au bout mais il fallait absolument que je partage mes impressions avec vous, car ce film m'a vraiment touché et ses différents niveaux de lecture me semblaient plus nombreux que dans aucun autre film de Pixar. Dans tous les cas, que ma théorie soit "fumeuse" ou pas, elle n'a en rien entaché le plaisir que j'ai eu à la vision du film. A voir absolumment.