Déjà, ce qui saute aux yeux: l'image. Un noir et blanc subtil, alternant entre aplat blanc de lumière onirique, et surface noir indicible. Par instant, les deux rentrent en opposition, s'entrechoquent, et les contrastes s'accentuent, au passage des corps devant certains traits subtil de lumière que laisse entrer une mince fenêtre. Cette lumière accentue alors les détails, la crasse des décors, la texture des vêtements (ce n'est pas sans rappeler l'esthétique du cheval de Turin) . Mais loin d'être un exercice formel vide, la lumière vient mimer l'ambivalence des personnages, qui sont toujours parcourus par des mouvements contradictoires. Des mouvements des sentiments, des balbutiements de la moral, des affects, le film n'oublie rien. Ainsi, le personnage principale pense à la fois sauver des enfants, mais découvre qu'elle participent à leur mort, elle veut à la fois abandonner le sien, puis garder celui des autres etc... Pareil pour la femme qui gère tout leur business. Elle est à la fois celle qui, aux yeux des mères, sauvent les enfants, mais devient, aux yeux des spectateurs, puis de la société, celles qui les tuent. On découvre donc des personnages qui échappent à toute morale simpliste, qui sont parcourus de contradictions, impossible à résoudre dans un monde de l'entre deux guerre, où la misère se répand dans toutes les maisons. La morale n'est accessible qu'a certains grands bourgeois, qui peuvent se vanter d'avoir les mains propres, du moins en apparence, ils refusent de rejoindre la fange dans la quelle traîne les ouvriers. Malgré tout, eux aussi, loin des apparences, se révèlent être des lâches. Ils abandonnent une jeune femme enceinte et précaire, et vont jusqu'à la renvoyer. La propreté de leurs maisons devient non plus symbole d'une beauté pur (ce qui était pourtant le cas au début de la séquence), et devient le catalyseur d'une violence symbolique insupportable pour notre personnage principale. Le film capte donc les dialectiques à l'œuvres, films les contradictions, et actualise la nécessité de l'avortement. Parce nous voyons les femmes luttaient contre un destin imposé, parce que nous voyons leurs impossibilités de rester dans le cadre de la légitimité, qu'elles n'ont pas la possibilités, contrairement à la bourgeoisie, de se débarrasser de l'enfant. Un film-révélateur s'il en est, cette ambition nous est présenté dès le début du film, avec un plan captant l'œil qui reflètent lui-même une ville industriel. Ce plan sera repris plus tard dans le film, mais l'œil ne reflète plus rien, il s'émancipe des déterminismes, il devient néant, donc elle devient. Alors pur Devenir, elle est tout à la fois: émancipé de l'usine mais opprimé par sa patronne, mère sans progénitures, suicidé vivante, épouse célibataire. Elle Est parce qu'elle n'est plus que néant, elle a subit toutes les formes d'oppression qui lui était possible de subir, elle peut donc adopter la dite enfant de son ancienne patronne. Elle devient ce qu'elle à essayer d'être, dans un choix désormais libre, libéré de toute contrainte.