Be a Camera Obscura!

Un film extrêmement sensible, finalement traité comme une peinture. Alors oui, si vous vous attendez à une histoire classique avec un début, un retournement de situation, des péripéties, un deus ex machina ou je ne sais pas quoi, passez votre chemin.
Mais on n'en a que faire du scénario, ce n'est pas du tout la question. La question c'est ré-apprendre à regarder, parce que les gens ne savent plus regarder aujourd'hui. Juste se laisser bercer par les couleurs et les formes et essayer d'en garder quelque chose dans son oeil, comme la camera obscura de Vermeer.

Je comprends tout à fait qu'on puisse passer à coté du coup. Cela dépend si vous êtes sensibles à ce genre de choses ou pas. Et c'est là qu'on commence à lire des critiques plus subjectives ce qui est une bonne chose selon moi. (Je ne comprends pas qu'on veuille écrire des critiques d'oeuvres de façon objective, mais passons.).

En tout cas, je vais vous décrire ce qu'on ressent si on se laisse envouter par ce film. Attention ça risque d'être lyrique.
La photographie m'a bouleversé au point que j'avais les larmes aux yeux devant tant de beauté. Je me suis surprise à admirer chaque ombre qui glissait sur le visage de Scarlett Johansson, j'ai découvert les mains de Colin Firth (il a de très jolies mains!), j'ai failli mourir de félicité quand Griet et Pieter (Cillian Murphy, qui ne sert pas à grand chose dans le film il est vrai, mais on s'en fiche, il est beau, on le garde) s'embrassent sur le chemin avec cette lumière dorée incroyable et les petites particules qui volent, je ne sais pas comment ils ont fait pour créer cette scène mais c'était magnifique.
C'est comme si tous mes sens étaient en alerte. Particulièrement la vue bien sur. Mais l'ouie (la musique est merveilleuse) et le toucher aussi (elle se brûle avec le chaudron, elle mélange les couleurs, il lui perce l'oreille).
La jalousie de la femme de Vermeer pour Griet m'a soulevé le coeur, je ne comprenais pas comment elle pouvait ne pas comprendre! Pour l'amour de l'art bordel! Parce qu'il n'y a rien ambigu entre Vermeer, et Griet. Ils ont une chose en commun, ils savent regarder. D'ailleurs, seule la relation de Vermeer avec son art est sensuelle.
Et la tension que la petite gamine rousse amène (on ne comprend pas trop pourquoi elle se met à détester Griet à ce point tout d'un coup, mais il ne faut pas chercher avec les enfants) m'a paru quasi insoutenable (ok j'exagère, mais j'avais envie de la frapper quand même).

Ça m'a fait vraiment plaisir de voir Scarlett dans un film où elle peut faire opérer son charme d'une façon beaucoup plus passive. Juste avec son visage diaphane, on ne voit rien d'autre pas même ses cheveux qui restent sous son bonnet (il y a quand même cette scène où elle l'enlève et WOW!). Ça change de ses rôles qu'on lui confie d'ordinaire et ça lui va très bien.

Maintenant j'ai envie de peindre avec des couleurs à base de blanc d'oeuf, de lit de vin et de plantes moi aussi. Je veux dessiner Scarlett Johansson d'après modèle vivant!!!