Plus sérieux que Détective bureau 2-3 mais aussi plus radical dans son scénario et son traitement, La jeunesse de la bête est à la fois un film noir baroque et pop et une critique virulente des films de yakusa (un dialogue dit : "vous les caïds, vous avez tous le même scénariste !"), d'une part, et du Japon plus globalement d'autre part. Suzuki tente fréquemment des expérimentations visuelles fortes (couleurs, cadrages) et n'hésite pas à se moquer ouvertement de la violence de ce genre de film en la réduisant à néant (filmée de trop loin) ou en la ridiculisant (bagarres assez burlesques ou avec un arrière-plan dérisoire). Le film va à l'essentiel dans un scénario parfois un peu confus mais riche de rebondissements, lorgnant tout autant du côté du cinéma américain que du Yojimbo de Kurosawa. Suzuki va plus loin en critiquant le Japon et son mode de vie (l'importance de l'honneur : ici, c'est pour réhabiliter un ami qu'un ex-flic devient pourri et tortionnaire, ce qui ne colle pas vraiment avec l'esprit chevaleresque des yakuzas) et son refus de voir la réalité, que ce soit la mort (le faux suicide d'un policier) ou la violence (la scène du tabassage d'un gangster avec, en arrière-plan, tout le gratin japonais dans une boîte huppée). Bref, aidé par un casting sympathique dans lequel Joe Shishido s'illustre une fois encore, Seijun Suzuki continue avec encore plus d'audace et d'irrévérence à se moquer de tout et tout le monde tout en signant une oeuvre originale et marquante. J'adore !
Cinemaniaque
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le 9 déc. 2010

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