Après avoir beaucoup aimé Whiplash à chaud, puis l'ayant trouvé de plus en plus en fade après réflexion, je n'attendais donc pas grand chose de ce nouveau film de Chazelle, s'attendant de plus à l'exploitation d'un thème relativement semblable.
Résultat en fin de séance : encore davantage mitigé que pour Whiplash. Que l'on soit bien clair, j'ai passé un très bon moment : le son est impeccable, l'image est parfaitement réglée, le scénario est efficace, les acteurs supportables (malgré un début difficile avec Gosling).
Mais c'est bien là que se trouve le problème : La La Land est un film lisse. On ne peut pas se buter dessus, il n'a aucun relief : la morale est belle ("Si vous bossez à Hollywood, Hollywood vous le rendra !", bien moins subtile que les milieux feutrés de Whiplash, et encore, la morale est davantage axée sur l'idée qu'un travail violent apportera forcément l'excellence, la gloire, et relève de la bonté sincère du maître tyrannique), tout le monde il est heureux, les pauvres réalisent leurs rêves tandis que les riches sont ennuyeux, etc. Probablement une des raisons pour lesquelles les critiques et les oscars sont cette année en parfaite euphorie.
Il y avait pourtant fort à dire sur le thème principal du film, à savoir la face de Los Angeles en permanence dans la lumière. Une belle critique aurait pu être fait, et, vous me direz, peut toujours être conclue de La La Land. Oui, mais non. Il suffit de se pencher un peu sur les intentions du réal et des acteurs principaux pour mettre de côté l'idée de vouloir sortir une "critique-cheval-de-Troie", et quand bien même c’eut été le but, la récupération parfaite exécutée par le gratin d'Hollywood ne laisse plus d'interprétation possible.
Je pense que je ne suis pas seul à l'avoir ressenti ainsi, mais pour ma part La La Land se présente comme symptomatique d'une période cinématographique de véritable consommation visuelle et sonore. Sans parler des enjeux politiques d'une telle production, mais purement artistiques, les films qui s'offrent aux plus grands publics sont bien souvent trop léchés pour avoir un quelconque goût. Bien évidemment, cela fait depuis la nuit des temps cinématographiques que le cinéma hollywoodien n'a jamais vraiment produit d'oeuvre artistique qu'il ait encensé par la suite. Mais je crois bien que jamais encore dans l'histoire du "cinéma de masse" (à ne pas lire comme un terme péjoratif), l'industrie se soit autant célébrée elle-même, récompensant ses efforts de com' par une prouesse de com'.
A la fois difficile et simple à exprimer, je vais simplement résumer mon ressenti par une citation du meilleur des hommes :
"Tout coule et rien ne reste." -Alain Finkielkraut.