La La Land, c'est le succès cinématographique de cette fin d'année, c'est le film aux 14 nominations aux oscars, c'est une comédie musicale, c'est le film que l'on se doit d'aimer pour ne pas passer pour un con... pire un hater! En gros, c'est le film que j'avais envie de ne pas aimer et tout s'annonçait bien parti pour... Jusqu'à ce que je ressorte de la salle en me disant "Daaamn, this sh*t good!". Et ouais, faut croire que j'ai également succombé à la déferlante.
Malgré une première scène que je n'ai pas appréciée contrairement à... tout le monde en fait, et qui m'a donc fait craindre le pire d'entrée de jeux (bien que la chorégraphie soit canon et la synchronisation et les plans d'une grande classe, ça sonnait faux à mes yeux). Le film prend toute son ampleur petit à petit se construisant plan par plan qui s’emboîtent les uns dans les autres d'une manière tant intelligente scénaristiquement parlant qu'au niveau réalisation avec des fonds noirs évacuant la foule, les projecteurs recentrant nos protagonistes et des ralentis lors des déplacements pour les faire jaillir des plans. En gros, il y a tellement de choses à dire sur la réalisation tant elle atteint un niveau de perfection rarement atteint dans l’enchaînement des scènes et le montage sans faille (du moins je n'en ai pas relevée). Impressionnant! Damien Chazelle s'impose dorénavant comme un maître du genre après un Whiplash tout aussi réussi qui nous avait représenté la musique comme une lutte de combattants
Mais ce qui fait aussi la magie du film, c'est la synergie entre Ryan Gosling et Emma Stone (je suis dingue de ses grands yeux globuleux). On les avait déjà vu ensemble dans 'Crazy stupid love', petite comédie sans prétention que j'avais particulièrement aimé. Ici leur couple passe toujours aussi bien mais gagne en intensité. Emma chante d'une petite voix fragile et danse timidement tandis que le chant de Ryan parait un peu forcé bien que sa danse semble aisée (la formation Disney de sa jeunesse qui paye?). Et vous savez quoi? Ces petites faiblesses dans le chant et la danse les humanisent complètement. Les rendent accessibles. Vous font vous reconnaître dans les personnages. Et main dans la main, ces deux-là dégagent une harmonie palpable. Vous croyez à leur histoire, vous vivez leur histoire et au final, vous souffrez peut-être plus qu'eux-mêmes de leur non-histoire... Individuellement les deux acteurs sans signer des prestations inouïes restent en permanence dans le bon ton et affichent un panel de jeu assez étoffé.
They worship everything and they value nothing...
Mais le film va plus loin que la simple comédie musicale devenant un feel good movie. Le film trouve une force en vous questionnant sur vos rêves. Sur ce que vous êtes prêts à abandonner pour les vivre. Sur les priorités de la vie. Sur l'évolution du chemin que vous empruntez. Il remet également en question les évolutions du monde, nous plongeant sans cesse entre traditions, entre histoires, entre héritages en nous les contre-balançant en créations, révolutions et abolition du passé pour pouvoir se trouver soi-même, à l'instant précis. Où que vous soyez, c'est là que vous êtes...
La La Land est une ode à Hollywood nous retraçant, avec une nostalgie non dissimulée, la grande histoire du cinéma. Il est également une critique acerbe de son industrie à travers ses castings sans fin... Les décors en carton-pâte et les couleurs devenant une symphonie à travers les plans larges se réduisant pour faire disparaître l'illusion renvoyée par les plateaux apparents. C'est beau, ça fonctionne impeccablement, c'est tourné d'une main de maître.
La grande réussite de ce film par rapport aux autres comédies musicales est d'arriver à emboîter passages chantés/dansés avec le reste du film sans que cela n'apparaisse comme une cassure dans la narration ou le rythme du récit. Et cela se fait par la dose parfaite d'humour qui permet de dédramatiser certaines séquences tout en reposant nos protagonistes sur la terre ferme.
La séquence finale, où à travers la mélodie qui les a guidé tout le long de leur histoire, retraçant leur relation s'ils avaient emprunté une voie légèrement différente est juste sublime. Elle donne aux spectateurs ce qu'ils avaient envie foncièrement de voir à l'écran, parce qu'il faut bien l'admettre, on voulait voir ce couple brillé sous les feux de la rampe hollywoodienne. Et de l'autre côté, elle permet au film de ne pas se finir comme un simple good feeling movie avec un happy ending bateau. Cela nous laisse une réflexion encore plus profonde sur notre quotidien. Les erreurs qu'on a commises et les regrets que l'on entretient. Et si...
Pourquoi pas 10 en fait? Je me pose moi-même la question. J'ai l'impression d'avoir ressenti une lenteur à un moment donné du film quand il prend une direction différente. Cette légère baisse d'intensité, bien que très courte ,m'a détaché du récit à un moment crucial de l'histoire. C'est peut-être pinailler sur le détail, c'est vrai... De plus, j'ai peur que ce soit un film génial mais qui s'oublie rapidement par la légèreté de son ton et par la simplicité de son scénario et qu'il ne s'impose donc pas comme référence absolue sur le long terme. On verra...
En bref, si vous aimez le cinéma, allez le voir! Si vous aimez la vie, allez le voir! Si vous ne voulez pas passer pour un con lors de la cérémonie des Oscars, allez le voir! En fait...allez le voir!