C'est un joli coup de maître que vient de nous sortir Damien Chazelle. Après avoir placé la barre bien haut avec Whiplash, le jeune prodige vient de récidiver. S'il continue sur ce rythme effréné, la décennie 2010 n'a qu'à bien se tenir... En piste !
Moderniser la comédie musicale reste un gros pari tant le genre reste encore ancré dans l'Âge d'Or hollywoodien. Les multiples clins d’œil et hommages à cette fabuleuse époque du Cinéma raviront les amoureux dont je fais partie. Morceaux enivrants, pas de danse rythmés et caméra tournoyante accompagnent la parade nuptiale de Mia et Sebastian. Mais si le simple hommage au genre s'arrêtait à des pas de danse, le film n'aurait qu'un intérêt limité. Avec le Jazz et son côté ringard comme fil rouge, Damien Chazelle traite habilement de l'évolution de la musique et de son art. Sebastian, en bon puriste, souhaite redorer le blason du Jazz, en ouvrant un club où seul du pur Jazz serait joué. La démarche est noble, mais coûteuse. Mia voit les choses de manière plus ouverte et le pousse à ranger son orgueil et "vendre son âme" à Universal. Hop on s'arrête ! Si à première vue, on pourrait croire que la modernisation du genre passe par baisser son froc devant les grands studios, on se trompe. La La Land ne juge jamais la démarche, que ce soit celle de rendre plus funk et jeune le Jazz ou celle du purisme vers lequel Sebastian retourne une dernière fois sa veste. Son rêve était de monter club, son passage dans le groupe de John Legend n'était qu'un moyen. Chacun y trouve son compte au final. Et que ça fait du bien de voir un tel discours d'ouverture, que les plus aigris jugeront consensuel. C'est une véritable bouffée d'air frais ! C'est en ce sens que Damien Chazelle réussit lui aussi de rendre moderne et jeune un film arborant les codes et hommages de l'âge d'Or : par le récit.
Enfin, La La Land est une formidable histoire d'amour. Elle est magnifique car elle est déchirante, il est là le paradoxe. Le prix à payer pour réaliser leur rêve respectif, c'est de se séparer. Et dans un dernier "flashback rêvé" à la manière de Mommy, Mia et Sebastian voient défiler devant leurs yeux les 5 dernières années qu'ils auraient pu vivre ensemble, avec la même finalité de succès. Comme dans Whiplash, Chazelle ne ménage jamais ses personnages. Le succès passe par de lourds sacrifices. Et compte tenu du sien, il a du en faire et j'espère qu'il en fera d'autres ! (des films, pas des sacrifices :) )