C'est rare que je note et critique un film aussi tôt après l'avoir vu, mais là, dans la salle, alors que Someone in the Crowd (la 2e chanson) n'était pas encore terminée, je savais que ce film serait un solide 10.
Je me suis surpris à sourire béatement au grand écran en face de moi, alors que je sortais d'une journée pour le moins maussade.
Et si le film est en soit l'histoire de la désillusion amoureuse parallèle à la poursuite des rêves de carrière, on part d'un tel pic émotionnel qu'on ne peut pas descendre au point de se dire que c'est un film déprimant, mais que l'on ressent encore plus de la tristesse pour ces deux jeunes gens.
Globalement le scénario est assez banal, c'est une simple comédie romantique plutôt réussie pour ce qui est de réalisme et de sentiments provoqués chez le spectateur, avec pour seule petite originalité l'absence d'un happy end, remplacé par une fin résignée mais apaisée, avec le sourire si triste mais avec une pointe de bonheur pour l'autre en guise d'image finale, et son apaisement qui vient trancher et nuancer la séquence de regrets qui la précède immédiatement.
Ceci dit, si le scénario est assez simple, c'est assez positif car cela permet de faire ressortir tous les points forts du film sans se perdre à essayer de comprendre tous les enjeux narratifs.
L'un de ces points forts, bien évidemment, c'est la musique. C'est simple, cela fait bientôt une semaine que j'ai vu La La Land, et je sifflote encore les chansons machinalement (notamment City of Stars, évidemment) plusieurs fois par jour. Toutes sont bien écrites, bien mises en musique, et bien interprétées. Si on veut chipoter, j'ai noté à plusieurs moments un léger décalage entre le son et l'image, que ce soit avec les lèvres des chanteurs dans l'introduction (Another Day of Sun) ou les doigts de Sebastian sur son piano. Mais toutes provoquent les émotions voulues, donnent les informations pour faire avancer la narration.
Un autre point fort, c'est le travail sur les couleurs. Dès le début, on note les couleurs vives et variées, les tenues unies qui marquent facilement l’œil, qui donnent un aspect joyeux aux débuts du film. Ce travail est notamment super visible quand, vers le début de Someone in the Crowd, Mia et ses trois colocataires sont dans la rue côte à côte habillées de quatre couleurs différentes, toutes très vives, et qui cohabitent parfaitement à l'écran, en donnant un effet d'harmonie assez surprenant et bienvenu.
Et tout au long du film, les couleurs transmettent les évolutions de la situation autant qu'elles s'y adaptent. Les couleurs associées à Mia et Sebastian changent pour révéler leurs émotions dominantes, mais aussi se ternissent pour transmettre au spectateur la désillusion de ce monde assez idéalisé à ses débuts et qui devient tristement réel pour l'amour des protagonistes.
Le jeu des acteurs est également à saluer, Ryan Gosling et Emma Stone ont une alchimie assez remarquable, depuis Crazy Stupid Love c'est un des couples fictifs qui me plait le plus, et les deux jouent très bien leur rôle respectif.
En bref, ce film ne se base pas sur un scénario original, mais sur une réalisation magistrale, avec un travail sur le symbolisme et un attachement au détail extraordinaires, supportés par un bon casting et d'excellentes musiques !
Un film à ne pas rater, qui remue l'estomac et donne une vraie expérience cinématographique, et qui vous fera passer un superbe moment, tout en vous marquant pour un bon moment.