La La Land est une réussite car c'est un film avant tout authentique. Damien Chazelle reprend ici quelque peu le propos qu'il tenait dans Whiplash mais il le transcende. La question n'est plus comment être le meilleur artiste possible en dépit de tout mais comment être le meilleur artiste possible au vu du contexte. Et cela change tout. Ici, il faut du compromis pour avancer, on se rend rapidement compte que la quête de l'absolu est totalement vaine. Le personnage de Sebastian est assez intéressant à ce sujet, un vrai puriste du jazz qui va être obligé de mettre de l'eau dans sa blue note afin de pouvoir connaitre le succès. Il en va de même pour Mia qui se perd dans des castings pour des rôles médiocres au lieu de laisser libre cours à sa créativité. Ainsi, les deux tourteaux font des chemins inverses, grâce à l'un, l'autre ira vers l'excellence et vice et versa, l'autre fera des compromis.
L'idée de la comédie musicale pour conter cette histoire est brillante. Car sous ses aspects joyeux, elle permet d'aller plus en profondeur dans les émotions, et d'avoir le détachement nécessaire pour pouvoir paradoxalement aller dans le fond des choses. Le plan séquence du début dans l'embouteillage montre ainsi des personnes joyeuses alors que c'est complètement à l'opposé de ce qu'on ressent lorsqu'on est coincé dans les bouchons. Il en va de même pour la première rencontre des amoureux qui nous prend à contre pied. Ce décalage crée une émotion profonde car la musique, la danse, nous touchent beaucoup plus facilement que quelconque dialogue.
Ainsi, la chanson City of Light ne peut pas nous sortir de la tête en partant de la salle ainsi que les airs de piano interprétés par Sebastian.
On ne se lasse pas des histoires d'amour encore moins que l'on ne se lasse de la musique. Et quand l'amour est fort comme cela, il émeut et survit à tout, même aux rêves brisés, même aux séparations, car plus que la personne aimée, c'est l'amour de l'art qui compte pour ces artistes.