L'histoire est simple: à Los Angeles de nos jours, Mia actrice en herbe et Sebastian pianiste de jazz se rencontrent et tombent amoureux. Or d'audition en audition pour elle, au désir dévorant d'ouvrir un club de jazz pour lui, comment combiner la passion qui anime leurs rêves et leur relation naissante? Revival de la comédie musicale classique, hommage à l'âge d'or hollywoodien, génie du musical, le film couronné de succès critique à sa sortie en 2017, a ravi le public et définitivement propulsé son jeune réalisateur Damien Chazelle sur le devant de la scène.
Dans un Los Angeles, bien trop beau pour être vrai, on suit les hauts et bas de leur relation, sur cinq ans. Si les séquences savamment étudiées, et les plans époustouflants ont permis à La La Land de décrocher l'oscar mérité de la meilleure réalisation en 2017, il faut noter que le genre dit "comédie musicale" est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.
Damien Chazelle a été porté aux nues pour la modernisation du genre, et si l'ouverture du film pleine d'entrain, de danseurs-euses, et d'artistes de toutes origines et corpulence, semblait annoncer un casting divers, il ne reste que par la suite le casting se cantonne principalement à deux stars hollywoodiennes bien connues des écrans, mais néophyte du genre.
Les comédiens de "l'âge d'or" du musical américain (ou du musical tout court), savaient tous danser, chanter ET jouer la comédie: si un charme léger doit être consenti au duo Stone-Gosling (à cette époque à leur 3e collaboration), n'est pas acteur-ice musicale qui veut, et cela se ressent dans certaines scènes, que des professionnels du genre aurait pu amené avec beaucoup plus de panache.
Une des critiques du film est également son côté white-saviorism: Sebastian, musicien blanc interprété par Gosling est obsédé par le vrai jazz, le jazz pur et traditionnel, qu'il se doit de sauver des griffes de la modernité, alors même que son ami noir interprété par la star de musique soul John Legend, lui rétorque qu'il "s'accroche à son passé alors que le jazz s'est lui modernisé". Quand bien même Sebastian baigne dans un milieu musical catégorisé comme noir, il s’accorde la légitimité absolue de sauver le jazz du changement, alors que maints musicien-nes de couleur ont depuis belle lurette réadapté les sonorités du style tout en gardant l’essence la musique jazz vivante.
Classique pour certains, film romantique du dimanche pour d'autres, La la land et son brillant spectacle parvient à nous faire passer un joli moment, mais qui ne saisit pas le coeur et la tête comme d'autres comédies musicales du même genre.