Je dois avouer que j'ai toujours soutenu ne pas aimer les comédies musicales, c'est un genre qui m'ennuyait profondément. Seulement voilà, cette aversion vient sûrement du fait que je n'ai pas vu de "bonnes" comédies musicales ...
Ayant pour référence le Sweeney Todd de Tim Burton, que j'apprécie assez, l'horrible Into the Woods de Disney, ou bien encore Les Misérables de Tom Hooper, force est de constater que ma culture cinéma sur ce genre de films est assez pauvre. Je n'ai jamais vu les classiques comme West Side Story, Chantons sous la pluie ou La Mélodie du Bonheur. Les seules qui trouvent grâce à mes yeux sont le récent La Belle et la Bête de Bill Condon et Mary Popins avec Julie Andrews. C'est pourquoi à l'inverse de tout le monde je n'attendais pas La La Land avec impatience, je dirais même que je n'avais pas envie de le voir et que la hype autour de ce film commençait sérieusement à me gonfler. Mais tout arrive ...
La La Land, et cela dès les premiers instants, s'est révélé à moi comme un une bouffée d'air frais. Je ne me l'explique pas. Est-ce la simplicité du sujet qui est somme toute très universel ? Les performances d'Emma Stone et Ryan Gosling ? La mise en scène fluide, précise et poétique de Damien Chazelle ? C'est un peu de tout cela. Car La La Land au-delà de sa qualité esthétique, musicale et technique, c'est surtout un énorme concentré de bonne humeur et de positivité.
On y va clairement pas pour le scénario puisque ce dernier offre finalement un postulat que l'on a déjà vu maintes et maintes fois, bien que la recette fonctionne ici parfaitement. Croire en ses rêves, c'est mièvre mais c'est beau et Damien Chazelle sait rendre tout cela poétique et spectaculaire. Pour autant si on ne se rattache finalement qu'aux scènes musicales et chantées, il ne s'agit pas juste de poudre aux yeux. Le film est un hommage au cinéma tout entier, à celui qui raconte des histoires et plus précisément à la musique dans les films pour raconter une histoire. La La Land un peu comme Whiplash finalement, nous rappelle à quel point la musique est un vecteur d'émotions et qu'à elle seule elle peut raconter beaucoup de choses. Les chansons ici viennent exprimer les sentiments des personnages, c'est ce qui m'agaçaient dans les autres comédies musicales, où les personnages ont tendance à chanter pour se passer le sel ou se souhaiter une bonne journée. Ici chaque séquence chantée est amenée comme un aparté dans la vie des deux protagonistes, des bulles hors du temps qui n'appartiennent qu'à eux. Le chant est un langage à part entier dans La La Land, de la même manière qu'un Disney.
Quelle surprise pour moi de découvrir ce film et d'avoir en tête depuis City of Stars et Another Day of Sun. Plus fort qu'un remède de grand-mère, j'ai désormais une pêche de dingue. La La Land est important pour l'histoire du cinéma, là où Hollywood n'est plus fait que de remakes et reboots, le film de Chazelle vient rendre hommage à tout un art. Emma Stone est en état de grâce et rend la réplique à un Ryan Gosling tout en passion. Les deux personnages sont justes et beaux, simplement écrits mais terriblement attachants. Le discours de Sebastian sur le jazz est magnifique. La La Land nous invite à nous émerveiller, à profiter de la vie et grandir via l'intermédiaire de l'art et de ceux qui le font. La caméra de Damien Chazelle est elle est aussi un personnage, à l'instar de celle de Whiplash qui donnait la sensation de filmer le son et les notes de musique. Tout tombe juste grâce à un engrenage bien huilé, entre mélodies singulières, des interprétations justes, un sujet universel et une technique maîtrisée.
La La Land est un merveilleux film, une comédie musicale qui ne se repose pas juste sur son concept pour faire des entrées et émouvoir son public, mais surtout pour lui transmettre des messages. La La Land est le fruit d'une grande maîtrise, un film qui revigore et ça ce n'est pas rien. Un pur chef-d’œuvre à découvrir absolument !