Bout de citation de George Bernard Shaw (citation complète à la fin)
Je spoile, et croyez moi vous n'avez pas envie d'être spoilé
Rien ne me prédisposait à voir La La Land qui n'était selon moi qu'un énième film à oscar qui brosse les octogénaires de l'académie dans le sens du poil. Surtout que les comédies musicales se sont fait entacher sérieusement par les films nuls pour ados aux yeux du grand public (dont je faisais partie en 2017). Bref aussitôt récompensé, aussitôt oublié, c'est d'ailleurs dans l'oubli qu'est tombée cette œuvre pendant près de 2 ans. L'incroyable Les Parapluies de Cherbourg vu cette année a commencé à me réconcilier avec le genre, même si je restais dans l'optique que si on ne s'appelle pas Jacques Demy c'est compliqué. Beaucoup de gens me parlaient en bien de ce récemment redécouvert La La Land puis j'ai revu la vidéo de InThePanda (Beaucoup à dire sur ce personnage, en bien comme en mal mais on n'est pas là pour ça) et je me suis dit, "bon après tout pourquoi pas?" Bref ce qu'on peut retenir de cette intro beaucoup trop longue c'est que si j'ai regardé La La Land c'est à cause d'un un gros petit danseur dans un costume beaucoup trop serré dans ce qui semble être un théâtre grec vide.
Ah Ah Ah je n'étais pas prêt. Dire que ce film m'a bouleversé est un euphémisme. Ça va bientôt faire 15 jours que je l'ai vu et je n'en suis toujours pas sorti, je pense La La Land, je respire La La Land, je vis La La Land. Maintenant quand je regarde un film mon premier réflexe est de dire: c'était moins bien que La La Land. C'est tellement grave que le film a complètement modifié ma façon de voir un film. C'est tellement grave que je les ai tous renotés tant il a bougé mon échelle de notes. C'est tellement grave que j'ai besoin de ma drogue quotidienne de musique de La La Land. A ce stade la question ne se posait même plus, il fallait faire une critique.
Déjà le premier plan du début est sur le papier pas incroyable, on nous présente une chanson qui n'apporte rien à l'univers et aux personnages principaux, elle sert juste à introduire un autre jour de soleil, d'où son titre. Mais ça c'est sans compter sur ce génie qu'est Damien Chazelle alors on va procéder par étape. Avant que la musique arrive on entend les bruits des klaxons et on aperçoit nos deux protagonistes. On nous place d'entrée de jeu dans le monde réel. Les notes commencent, la chanson commence, les danseurs commencent et c'est beau, c'est entraînant. On se sert de l'aspect droit des routes pour faire avancer logiquement les personnages, avec comme ressort les gens qui peuvent rentrer et sortir dans les voitures. Le fait de monter et descendre des voitures permet également de briser la continuité. Puis après un final grandiose avec le titre du film marqué avec une écriture qui fait très vieil Hollywood. tout le monde rentre dans sa voiture comme si il ne s'était rien passé. On va ensuite revenir sur nos héros nos héros qui se montrent quelque peu immature avant de poser la caméra.
Bon le plan séquence calme tout de suite les craintes, Damien Chazelle s'impose une fois de plus comme l'un des plus grands réalisateurs de sa génération. Le fait de ne pas faire participer Emma et Ryan à la chanson est intelligent puisqu'on nous montre l'univers qui bien qu’entouré de poésie va nous proposer une histoire réaliste. Et même temps c'est astucieux de les introduire de cette façon car on les voit avec leurs défauts. Si on pouvait tout résumer en 5 mots ça donnerait: osé, immersif, maitrisé, jouissif, culte
J'ai vu cette scène une fois il y a 15 jours, comment ça se fait que je m'en rappelle aussi bien.
Le scénariste nous l'a déjà prouvé avec Whiplash (qu'il faut que je revoie) il sait gérer la musique et c'est d'autant plus remarquable qu'il arrive à proposer différentes ambiances musicales qu'il combine pour passer aisément de la joie à la tristesse en passant par la colère. C'est incroyable qu'on puisse vivre le film simplement en écoutant les musiques. Les émotions transmises, et cette façon très littérale de percevoir les musiques et l'avancée de la relation amoureuse c'est tellement puissant.
Tiens justement parlons d'amour avec Sebastian et Mia qui encore plus qu'un "bon couple" sonne comme une évidence. Je comprends pourquoi Ryan Gosling et Emma Stone en sont à leur 3eme collaboration. Ils dégagent une telle aura que dès les notes de piano entendues par Mia après la fête, ils étaient déjà prédestinés à s'aimer. Le problème c'est que leurs rêves les empêchent de vivre heureux. Leur joyeuse déclaration d'amour ayant elle aussi pour unique finalité une séparation douloureuse. Et si je ne devais parler que d'eux ce serait trop simple car tous les acteurs jouent à merveille, à aucuns moments je n'ai eu l'impression de voir un film, j'étais dans la réalité, ces gens étaient devant moi
Les couleurs et les décors je pourrais en parler des heures mais limitons nous au thème du mélange entre réalité et rêve. On alterne plusieurs fois entre ces deux états avec un naturel notamment grâce à une maîtrise impeccable des lumières et à une mise en scène efficace.
On tourne autour du pot depuis tout à l'heure les transitions avec les saisons sont des réussites tant elles sont comparables avec les actes du théâtre surtout quand on voit le parallèle récurent entre les étapes de la vie de couple et les saisons de l'année. C'est vraiment un exploit de changer de ton, de style graphique et de rythme d'une saison à l'autre sans que ça choque plus que ça.
Bon au début si vous vous rappelez bien j'ai dit que La La Land n'était qu'un film glorifiant le vieil Hollywood pour faire plaisir aux vieillards de l'académie. Je vais revenir sur ce que j'ai dit, La La Land est un film qui glorifie le cinéma, Hollywood, la musique et les comédies musicales car son réalisateur les aime et ça se ressent, il nous transmet son amour pour qu'on puisse tous rêver avec lui et ça c'est juste beau, mais genre vraiment merci vieux.
Il m'est arrivé plusieurs fois de crier au génie sans prendre de recul. Notamment avec Star Wars 9 que j'ai finalement plus aimé pour les conditions dans lesquelles je l'ai vu que pour le film en lui même (même s'il reste tout ce qu'il y a de plus sympathique). Mais là je l'annonce haut et fort, il faut voir La La Land car c'est excellent film dont on se rappellera encore dans plusieurs années comme un des meilleurs films de la décennie.
Bref Selon moi La La Land a bien mérité sa place de meilleur film live de la décennie
Le drame est né de l'union de deux vieux désirs : le désir de danser,
et celui d'entendre une histoire. La danse est devenue déclamation, et
l'histoire, situation.
George Bernard Shaw