Je me suis toujours demandé ce qu’aurait été West Side story s’il avait été fait 2020. Les technologies que proposent le cinéma aujourd’hui sont tellement riches et semblent si abouties en termes de possibilité créatives qu’on se demande ce qu’il est encore impossible de filmer. Les comédies musicales sont à mon goût les productions cinématographiques qui suscite le plus de créativité dans les effets visuels mais surtout dans la mise en scène. On met souvent en place dans ce genre de film de long plans séquences qui sont très durs à tenir pour les réalisateurs et qui demandent parfois beaucoup d’ambition. Néanmoins si la comédie musicale a perduré jusqu’au XXI ème siècle avec des films comme Moulin Rouge de baz luhrmann, elle a finalement fini par s’essouffler, ne ramenant pas beaucoup de monde en salle. Pourtant Damien Chazelle décide avec La La land, de ramener sur nos écrans un genre qui s’était perdu, avec une volonté de peut-être faire découvrir ce genre cinématographique à une génération de spectateurs qui n’en est pas majoritairement friande en 2016 (date de sortie du film), avec les techniques d’aujourd’hui. Un genre qu’affectionne tout particulièrement le réalisateur pour qui la passion pour la musique, et le jazz notamment, n’est plus un secret pour personne ; avec des productions comme Wiplash ou plus récemment la série the Eddy sur Netflix. Alors pari réussi ou rêve trop ambitieux ?
Quand je vais voir La La Land au cinéma j’ai 16 ans, je ne m’intéresse pas du tout aux comédies musicales, pas par dégoût ou par réticence, mais parce que je n’en ai simplement jamais eu la curiosité (même s’il faut avouer que ces m*** qui passaient sur Disney Channel ont pu parasiter mon enfance). Et je ne saurais vous dire combien j’ai été scotché devant la scène d’intro de La La Land ! Quelle puissance dans cette scène, quelle force de caractère dégagée par les personnages quelle envie du réalisateur de nous chanter la vie et de nous décrire comme elle est belle. Tout ça en plus en plan séquence avec une chorégraphie spectaculaire dont j’ose à peine imaginer la torture mentale que ça a dû être pour l’équipe du film. Au-delà de nous coller une vraie claque dès les 5 premières minutes, Chazelle dans une scène qui ne semble pourtant aucunement reliée à l’histoire du film, nous donne beaucoup d’indications sur le sujet et sur la volonté du film. Une chanson qui acclame une vie ensoleillée bien loin des problèmes quotidiens … sur un fond d’embouteillage sur l’autoroute !! Le film va nous parler de la vie dans ce qu’elle a de plus beau à offrir mais qui même si elle en garde le voile, cache tout de même des vices et des retombées. Donc oui dès la, dès cette scène d’intro Chazelle a piqué ma curiosité, en témoigne mes poils hérissés qui me font déjà regretter de ne jamais m’avoir été plongé dans des comédies musicales auparavant.
Donc après cette scène on se calme j’imagine ? on respire un grand coup, on bascule dans un champ contre champs basique quelque chose de plus simple en quelque sorte … NON NON NON, pas du TOUT. On reste dans un plan séquence qui va de la voiture de ryan Gosling jusqu’à celle d’emma stone pourtant assez éloignée dans les embouteillages, nous montrant dès le début la portée qu’à la relation de ces personnages. Et pendant tout le film notre cinéaste y fait constamment référence : on est face à deux personnages que tout oppose, qui ont des projets de vie différents, mais qui vont malgré une vie jonchée d’embouteillages s’aimer envers et contre tout … pour un temps seulement … Car en effet, l’une rêve d’une vie d’actrice au cinéma (ce que ryan gosling considère comme une vie trop superficielle et irréelle), tandis que l’autre projette de créer un bar sur le thème du jazz (une musique que repousse à priori le personnage d’Emma Stone). Pourtant Chazelle vient parler de quelque chose de magnifique dans une relation : quand le rêve de l’un embellit de la vie de l’autre. Les deux personnages vont en effet aller au cinéma mais aussi dans des bars de jazz où ils vont se partager leur passion et tomber amoureux. Mais la triste réalité était écrite dès le début, ces deux âmes perdues ne peuvent que se séparer s’ils veulent poursuivre la quête de leur rêve respectif, donnant alors lieu à la fin à une scène de retrouvailles qu’on se le dise tellement dure et émouvante (non j’ai pas pleuré …).
Au-delà de l’histoire, Damien Chazelle cherche constamment à éblouir le spectateur quand il y a de la comédie musicale. Poser de la musique sur de l’image est quelque chose qui le passionne et qu’il maîtrise (on l’a vu dans Wiplash mais aussi dans Firstman qui ne serait rien sans sa musique). De plus chaque scène de chanson est différente avec une mise en scène qui est toujours puissamment inspirée par des moyens techniques nouveaux et une photo propre à chaque scène. Avec d’ailleurs cette scène de fin magnifique où il choisit de faire traverser aux personnages l’histoire de leur vie amoureuse en parcourant des studios de cinéma avec des changements de décors constants.
Au final, quel grand film touchant, beau et puissant que ce La La Land. Si l’histoire racontée n’a pas le mérite d’en inspirer certains, l’image, les chorégraphies et peut-être même les chansons plairont très certainement aux fans de jazz ou de comédie musicale. Encore une fois, c’est la première comédie musicale que j’ai vu au cinéma et je l’ai trouvé très accessible (on peut donc dire que Chazelle a réussi son pari). Le sentiment que l’on a quand on sort de La La Land c’est qu’on a envie de chanter, de danser de respirer la vie. Ce n’est pas grave s’il faut mettre nos rêves et nos projets de côtés, ils valent bien moins que les bons moments que l’on peut passer avec nos relations, nos amis, etc.