Après leur rencontre au Saturday Night Live, Adam McKay (scénariste de l'émission) et Will Ferrell décident de faire un film ensemble. C'est le début d'une collaboration fructueuse, dont le premier opus est La légende de Ron Burgundy, où Ferrell incarne cette vedette ridicule des seventies. Présentateur du Journal local de San Diego, il voit débarquer l'ambitieuse Veronica dans les studios. Appréciée par la direction, elle convoite le Journal ; adversaires au bureau, Ron et Veronica tombent néanmoins amoureux. Le film raconte leur affrontement ambigu et la remise en cause de la vedette à moustache la plus classe de San Diego.
Sans sombrer au niveau d'un obscur nanar avec Ron Dongerfield type De retour pour minuit, le film est plutôt un ratage. McKay et Ferrell ne visent pas unilatéralement simpliste et régressif comme du Ace Ventura, ils livrent un métrage beaucoup plus excentrique, avec un humour parfois distancié ou original. Toutefois l'aspect parodique permanent s'avère nuisible voir éreintaint. L'étalage de second degré est un tremplin pour faire de Ron Burgundy un Scream de la parodie avec mascotte beauf suffisante et géniale, mais le résultat est négatif car il transpire l'absence de cohésion. McKay et Ferrell ont dû beaucoup répéter sans savoir bien se définir, ils s'élancent alors qu'ils sont encore dans la confusion ; l'action permet de trancher mais ne garanti pas le succès.
C'est la mise en œuvre qui patauge, avec des inspirations médiocres à partir de postulats bons mais creux. La séance exige d'éclater son cerveau, pour s'égarer dans des délires assez pourris (chaque seconde dans la cabine téléphonique est simplement nulle). Tout le monde surjoue mais paradoxalement tout ça ne va pas assez loin à cause de ce manque d'épaisseur ; en tout cas les irrégularités rendent perplexes (il y a juste quelques bons moments, des gimmicks relativement mûrs comme Brick par Carell). Pourtant un potentiel est là, grâce à la seule invention d'un de ces personnages vaniteux, toujours dans le déni et politiquement incorrect par nature. Ron Burgundy n'est pas OSS 117 ou Stan Smith d'American Dad, mais c'est en effet un très bon matériel.
Ainsi le gag de l'érection est d'abord minable, puis fonctionne parce qu'alors on joue franchement avec le personnage : il faudrait justement exploiter à fond ce caractère (comme c'est le cas avec la séquence du fantasme domestique), mais tout le long du film ! Au lieu de ça il peut être le cobaye de gags tout à fait HS, cet opportunisme las étant plus problématique que leur stupidité avérée. Ron Burgundy sera ré-exploité dans deux autres long-métrages, tandis qu'Adam McKay va trouver à Ferell un partenaire de qualité : John C.Reilly. Le tandem sera au cœur de Ricky Bobby (pas mieux) et surtout Frangins malgré eux, plus concluant.
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