S'il existe bien deux légendes vivantes emblématiques du cinéma à l'heure actuelle c'est bien Robet De Niro et Al Pacino, deux acteurs d'exception qui ont marqués à jamais de leur empreinte le septième art. Deux étoiles qui se sont croisés dans le chef d'oeuvre de Francis Ford Coppola, Le Parrain II, mais sans partager un seul instant ensemble à l'écran. Une rencontre avortée qui laissa derrière elle le fantasme de les voir un jour réellement ensemble devant un même objectif. 23 ans plus tard Michael Mann les réunis enfin dans le désormais culte Heat pour un face à face d'anthologie mais toujours un peu à distance.
C'est tout cet héritage que porte en lui ce La loi et l'ordre de Jon Avnet, qui n'a pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une carrière inoubliable. Ultime réunion ou rendez-vous raté ?


-La loi ?

Le film place notre couple star ( Angelina et Brad à côté font vraiment pitié ) dans la peau d'une paire de flic aguerris partenaire depuis 30 ans au prise avec un tueur en série qui ne s'en prend qu'aux crapules les plus vils et détestables ( dealer, violeurs, pédophiles, trafiquants, etc... ) de New York et qui semble être commis par un inspecteur de police.

La première chose que l'on remarque, puisqu'on est surtout venu pour ça, c'est nos chers acteurs qui, comme trop souvent ces 10 dernières années, déçoivent. Le problème n'est pas qu'il soit mauvais, puisque ce n'est pas le cas, mais qu'à trop vouloir construire le film autour d'eux on se retrouve avec des rôles déjà vu milles fois pour eux, des caricatures tant les subtilités des personnages sont diffuses et mal exploités.
Forcément les deux monstres sacrés sont en terrain -trop- connu et se réfugient dans des automatismes de jeu, voir du cabotinage. De Niro fait la moue et s'énerve toute les 5 minutes, en alternance, et Pacino fait les gros yeux et des grand gestes dés qu'il a un moment de libre. D'avantage icône vieillissantes que monstres sacrés faisant un dernier tour de piste, le film déçoit sur ce point là.

A leurs côté, l'autre couple de flic que forme Donnie Wahlberg et John Leguizamo s'en sort pas mal même si leurs personnages sont complètement sous exploités. En effet ce second tandem qui vient se greffer sur l'affaire avait le potentiel de venir gripper les rouages de la mécanique du policier-tueur si bien huilée jusque là. Le problème est que le film hésite sans cesse à les utiliser en préférant se focaliser sur le duo vedette et ce qui pouvait être un formidable moteur pour l'intrigue et les rebondissements se transforme en figuration passive.
Un symptôme assez flagrant de la maladie profonde qui ronge ce film.


-L'ordre ?

Car La loi et l'ordre est avant tout un film mal écrit et mal fagoté. Basé sur un script qui prend l'eau de toute part et dont l'absence de cohérence laisse rêveur, le film ne décolle jamais. En plus de ses personnages peu subtils évoqués plus haut on trouve des hiatus dans le déroulement, accompagné par des intrigues secondaires torchées n'importe comment. Le plus simple est de se pencher sur le cas de Curtis Jackson qui, en plus d'être vraiment un acteur à 50 centimes, est au coeur d'une intrigue secondaire qui occupe le premier quart d'heure du film sans entretenir de rapport avec la trame principal et qui se poursuit par 2/3 allusions en cours de route et reviens à la fin pour servir de levier au rebondissement final. Aberrant car les relations des personnages entre le début et la fin ont changé du tout au tout mais le film ne cherche même pas à revenir dessus pour l'expliquer.

Au delà de ça c'est aussi toute la trame principale qui est littéralement plombé par un twist idiot et surtout construit de façon complètement absurde, ce qui ne fait que mettre en lumière les lacunes du script. En effet le film s'évertue à nouer l'enquête et le témoignage du personnage de De Niro, avouant les crimes et décrivant leurs motivations, ensemble. Mais dès que le film nous montre ces crimes, il joue systématiquement la carte du mystère alors même qu'en parallèle un personnage fait une confession. Au début on n'y prête pas attention car les crimes sont montré en un plan mais au fur et à mesure Jon Avnet croit intelligent de les filmer comme dans un slasher de base à grand coup de vue subjective et de silhouette outrageusement maintenu dans l'ombre ou le flou.
Pourquoi ménager du mystère si en parallèle on a quelqu'un qui avoue les meurtres ? La réponse est évidente et annihile immédiatement tout intérêt de la partie "confessionnal" du film qui était pourtant la plus grande originalité de ce thriller.

Ainsi le film ne nous épargne pas la carte du twist final faisandé que n'importe qui aura vu venir au bout de 20 minutes. La seule astuce qu'ils ont trouvé pour camoufler (un tout petit peu) ce retournement de situation prévisible est un imbroglio incompréhensible entre les noms et les surnoms des personnages. Incompréhensible et surtout pénalisant pour les rares personnes encore attachées à l'histoire à ce stade qui passeront plus de temps à remettre les bon noms en face des bonnes tête en cherchant une logique qu'à suivre le dénouement.
En plus d'être ridicule ce twist échappe à toute tentative de compréhension puisque la conclusion balaye d'un revers de la main des éléments et personnages-témoins qui pourraient affirmer le contraire de ce qu'on nous propose mais non, trop compliqué on n'en tient pas compte. Consternant jusque dans ses derniers instants.

Passant royalement à côté de son potentiel le film souffre en plus d'une narration chaotique et laborieuse là encore imputable à des choix de mise en scène lamentables. Engoncé dans une réalisation sans inspiration se contentant d'enchaîner les plans serrés et mal cadrés vite étouffants et pénibles. Le film est une succession de micro-scènes expédiées et collées bout à bout de la façon la plus cut possible, aucune ambiance n'est distillée, aucun suspens n'est installé, aucune respiration non plus et donc au final aucun moment marquant ne ressort de cette soupe.
Malgré cette boulimie le film parvient à être incroyablement mou et poussif.


-On s'était dit rendez-vous dans 10 ans.

Mal écrit, prévisible, mal réalisé, interprétation digne du minimum syndical, la liste des tares est longue. On finit par comprendre que le principal argument du film, la réunion de Robert De Niro et Al Pacino côte à côte, n'est qu'un cache-misère pour un film dont personne n'en aurait rien à foutre autrement.
Thriller mou et sans intérêt ce film n'est qu'une cicatrice de plus dans le coeur des cinéphiles voyant ces 2 figures majeures du Cinéma réduit une nouvelle fois à l'ombre d'eux même. C'est sans doute plus vrai pour De Niro que pour Pacino mais il faut bien se rendre à l'évidence: Travis Bickle et Michael Corleone ne sont plus que de lointains souvenirs.
Vnr-Herzog
2
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le 9 mai 2010

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