Die Säge Des todes ou La Lune De Sang est un film un peu particulier dans la longue et pléthorique filmographie de Jesus Franco. Ce slasher germano espagnol produit par Wolf C Hartwig et scénarisé Erich Tomek (visiblement spécialiste de la comédie teutonne à tétons) ressemble presque un film de commande pour le réalisateur qui se fond dans l'exercice sans vraiment y apporter sa touche personnel (Si ce n'est peut être l'utilisation assez caractéristique de zooms). La Lune de Sang sort en 1981 pour surfer sur la vague déjà très prolifique des slashers initié par La Nuit des Masques et poursuivit avec Vendredi 13 et nous offre un petit film bancal dans son rythme, bourré de clichés et d'incohérences, souvent maladroit mais parfois assez méchant.
La Lune de Sang nous embarque à Alicante en Espagne dans une improbable école de langue qui ressemble à une villa avec piscine, discothèque, bengalows et courts de tennis. Dans cette endroit toute une bande de jolies blondes viennent apprendre à dire "A mi me gusta Espagna" tandis qu'un tueur semble rôder dans le coin et s'en prendre plus particulièrement muy beaucoup à la mujer Angela. (Je vous rassure cette critique ne sera pas entièrement en (Jess) franco-espagnol même si le film à raviver quelques souvenir de mes cours de quatrième B).
Dès le départ le film paye son tribut au film de John Carpenter avec psychopathe masqué (avec un masque de Mickey), vue subjective, meurtre et un coupable placé en hôpital psychiatrique. Mais comme c'est ce bon Jesus Franco qui signe les ordonnances dans le rôle du médecin, le tueur au visage partiellement défiguré se retrouve en liberté sous la surveillance de sa sœur avec laquelle in entretient une trouble relation. Miguel (Sans doute le cousin espagnol de Michael) se retrouve donc tout en haut de la liste des suspects lorsque va survenir assez tardivement le premier meurtre. La mise en place d'enjeux pourtant minime va largement occupée les deux premiers tiers du film afin d'introduire différents suspects (Jardinier, homme à tout faire, professeur) et quelques faux semblants. Si l'interprétation approximative des charmantes demoiselles permet de ne pas totalement s'ennuyer et que l'on sent que l'ambiance entre slasher et giallo s'installe tout doucement, on se demande tout de même quand est ce que ça va véritablement commencer. Mais quand ça démarre, ça part assez vite légèrement en vrille, suffisamment en tout cas pour y trouver du plaisir quand bien même serait il un rien coupable.
La Lune de Sang nous propose déjà un joli catalogue des clichés et de jumps scares éculés avec chaussures qui dépasse sous le rideau, immense ombre menaçante qui grandit derrière une porte vitrée et qui est en fait un gamin qui en pleine nuit vend des éléphants miniatures en bois comme souvenirs (??) ou un magnifique lancé de chat noir à travers une pièce. Si le film comporte quelques meurtres assez gore et sauvages les circonstances dans lesquelles ils arrivent sont parfois assez étranges. Passe encore pour la fille qui semble avoir un taille haies dans son salon mais cette fille qui semble accepter de suivre en voiture un inconnu masqué (enfin selon un dialogue car jamais le type ne semble en porter un) pour ensuite se laisser attacher juste à côté d'une immense scie à tronçonner la pierre, ça dépasse un peu les limites de la naïveté. Dans un bref instinct de lucidité, de survie et de perspicacité la fille demandera tout de même qu'on la détache parce que quand même, ficelée sur un bloc de pierre ça fait un tout petit peu mal au dos. Finalement, une fois la tête désolidarisée du corps, le mal de dos reste une douleur toute relative, mais rassurez vous par un habile subterfuge et par la magie du cinéma le corps de la comédienne sera remplacée au dernier moment par un mannequin à la ressemblance toute relative. Une chance que n'aura pas un pauvre serpent décapité à la cisaille et visiblement sans aucun trucage ou alors c'est que tout le budget FX est passé dans cette scène bien trop réaliste pour être truquée. Si le bodycount reste assez faible le film nous propose tout de même quelques meurtres réjouissant et même un brin sadique comme ce pauvre gosse écrasé par une voiture.
La Lune de Sang n'est pas le meilleur des slashers, pas la meilleure façon d'apprendre l'espagnol, ni même le meilleur des Jess Franco. Le film reste toutefois un petit divertissement horrifique tout à fait regardable.