HTTM : circularité et turgescence, une oeuvre-manifeste.
Le temps, le cycle de la vie, l'éternel recommencement, mais aussi l'angoisse de l'éphémère, voilà les problématiques abordées par Hot Tub Time Machine. Film-sémiologique, boursouflé de symboles, HTTM s'axe comme son titre (véritable horizon d'attente-programmatique) semble l'indiquer, autour du jacuzzi. Figure centrale, Rosace des temps passés et futurs, la roue du bain à bulle est une horloge bouillonnante impassible, qui, sans doute possible, rappelle à notre lecteur la définition augustinienne du temps, qui le voulait "image mobile de l'immobile éternité".
Mais ce film est avant tout celui d'une fuite, fuite inexorable des protagonistes vers l'oubli, fuite de l'adultère, de l'échec. Qui ici peut se lever et dire "je n'ai pas été ému par ce personnage de geek graisseux et puceau" si rarement mis à l'honneur de nos jours? Exorciser l'échec de leur vie, revenir sur les lieux de leur jeunesse, la boucle, le cycle, HTTM, œuvre circulaire. Les orgies, les GROSSES MINES dans le jacuzzi, ne sont que des tentatives pathétiques de fuite, des échappées hors du temps, qui ne font que renforcer l'aura tragique et shakespearienne du quatuor.
D'aucun trouveront que les allusions répétées au sexe, aux GROBOOBZ, et à la fellation, sont un écart déplacé dans la parabole métaphysique qu'est cette pièce filmique. Mais ne peut-on pas y voir, dans cette obsession phallique, le pilier structurant, la droite, venant compléter le Cercle du jaccuzzi? La ligne droite comme axe divin, comme force créatrice et source de vie? D'où cet étonnant TWIST 2 BÂTARD qui voit le jeune geek-puceau découvrir que son père n'est qu'un ivrogne chauve avec qui il avait commencé un threesome, (allusion à peine masquée à la Sainte Trinité) la troisième personne n'étant rien d'autre que sa mère? La complexité incestueuse n'est pas gratuite ici. Au contraire, elle semble exalter la découverte de son moi profond : c'est par l'inceste que le jeune geek-puceau découvrira ses origines et achèvera son voyage dans le temps.
Que penser enfin de cette scène poignante, dans laquelle, suite à un pari perdu, le chauve suicidaire doit pratiquer une fellation à son ami de toujours? Avec quelle délicatesse le réalisateur parvient-il à nous faire ressentir l'enjeu du moment? Car nous sommes bien ici face à une scène pivot : la caméra subjective, très intelligemment placée dans l'entrejambe de l'acteur nous permet d'être le chibre, une mise en abîme turgescente qui semble dire "oui VINCENT GALLO, tu peux te rhabiller, toi et ton Brown Bunny".
HTTM est donc un manifeste, une lutte contre le temps. Le temps que Baudelaire voyait comme un "ennemi vigilant et funeste, l'obscur ennemi qui nous ronge le coeur". Un vers que Steve Pink peut faire sien.
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