La Main Du Saigneur (Unmasked part 25) est un petit film film britannique sorti uniquement en VHS à la fin des années 80. Un film étrange qui navigue entre romance, horreur et comédie tout en s'interrogeant avec malices sur les codes du genre dans un format semi-parodique de méta-slasher. Le film de Anders Palm est globalement plutôt plaisant même si il souffre d'un cruel manque de rythme et d'un mélange de genre pas toujours savamment dosé.
Le film nous raconte donc l'histoire de Jackson un tueur en série qui dissimule sous son masque de hockey une tronche de monstre cabossé par la vie. Après une énième tuerie Jackson rencontre Shelly une jeune femme aveugle qui le prend pour son rencard du soir. Alors qu'il s’apprêtait à la tuer, Jackson décide finalement de la suivre dans son appartement et commence ainsi une singulière histoire d'amour. Mais peut on vraiment aimer lorsque l'on est génétiquement condamné à tuer encore et toujours ?
En gros le concept de Unmasked part 25 ou La Main du Saigneur semble d'imaginer ce que pourrait faire un tueur de slasher au quotidien entre deux films et comment il tente de s'extirper de sa sinistre condition de monstre et d'assassin chronique. Jackson et son masque de hockey sur la tronche (inutile j'imagine d'expliquer la référence) semble condamner à tuer de façon quasiment héréditaire tout en aspirant à d'autres choses ce que pourrait bien lui permettre sa rencontre lors d'une tuerie avec la jolie Shelly dont la cécité gomme d'emblée tout jugement physique (une idée que l'obn retrouve dans Toxic Avenger). Une bonne partie du décalage humoristique tient donc dans le fait de voir Jackson se trimballer tranquille dans la rue avec son masque sur le visage, essayer des chapeaux dans une boutique de farces et attrapes, faire une ballade romantique au bord de l'eau ou partir dans des tirades poétiques, amoureuses et philosophiques en citant Byron ou Shakespeare. Quant à la douce Shelly son amour pour les relations sadomasochistes et les godemichets nous vaudra sans doute le moment le plus amusant du film lorsque Jackson avec un délicieux short en satin rouge marqué Bad Boy tentera très maladroitement de contenter sexuellement sa nouvelle petite amie. Pas vraiment parodique, amusant sans être très drôle La Main Du Saigneur ressemble à un pastiche qui semble trop souvent se contenter un peu paresseusement de son concept de vie quotidienne d'un tueur de slasher. Nous suivrons donc ce brave Jackson tenter d'apprivoiser ses sentiments, régler ses problèmes avec son père tout en continuant de régulièrement à céder à ses pulsions meurtrières qui reviennent comme un énième chapitre d'une saga horrifique.
Le film s'amuse aussi des clichés inhérents du genre en montrant un tueur blasé et lassé de reproduire toujours et encore les mêmes schémas. A peine étonné d'une victime qui lui propose une petite gâterie pour rester saine et sauve, notre tueur avertit une autre victime qui tente de s'enfuir que de toute façon elle va se vautrer en se prenant les pieds dans une racine comme l'exige les codes du genre, ce qui d'ailleurs ne manquera pas d'arriver. Encore une fois, sans creuser plus en profondeur, le film s'amuse de la répétitivité des éléments du slasher tout en nous offrant un joli catalogue de meurtres à l'arme blanche avec fourche, pelle, serpe, hache, couteau, lance et Cie ...Plans nichons de circonstance et gore artisanal qui tâche, La Main Du Saigneur n'est pas radin avec les composantes du genre et ceci au delà même de sa dimension méta et parodique, le film s'avère même être un bon petit slasher de seconde zone. Mais aussi agréable et original soit il (du moins pour l'époque) le film de Anders Palm manque un peu de rythme et constance et l'on sent que l'ensemble a du mal a pleinement prendre et exploiter ses enjeux.
J'avais le vague souvenir de m'être beaucoup amusé en découvrant le film à l'époque de sa sortie et je me suis finalement un peu ennuyer en le revoyant. Le film reste une sympathique curiosité comme une virée bancal dans la vie quotidienne d'un méchant de cinéma confronté soudainement à un amour qui le fait se remettre en question. Pas pleinement réussi donc, mais toujours aussi singulier.