Après les aventures diaboliquement ennuyeuses de la poupée Annabelle et de sa comparse la nonne Valak, voilà celle de La Llorona aka la Dame Blanche en VF (La Pleureuse était moins vendeur), troisième spin-off de l'univers "Conjuring" qui a pour particularité de ne pas être raccordé à un des deux films de la saga-mère mais à un de ses dérivés par l'intermédiaire d'un certain personnage (un spin-off d'un spin-off donc... oui, plus rien ne les arrête). Surtout, "La Malédiction de la Dame Blanche" est l'occasion de découvrir les talents de réalisateur de Michael Chaves désigné par James Wan himself pour lui succéder à la tête du troisième "Conjuring"...


Dès les premières minutes, on comprend assez vite pourquoi ce choix de la part de James Wan : Michael Chaves fait tout simplement... ben... du simili-James Wan. Même type de plan-séquence pour présenter l'environnement familial de l'héroïne (Linda Cardelleni qu'on est plutôt heureux de voir enfin en tête d'affiche... mais pas dans un truc pareil), mêmes tentatives de proposer des jumpscares un poil différents du tout-venant, même look pour leurs revenants (la Dame Blanche ressemble ni plus ni moins à une Valak jeune qui aurait rompu ses voeux pour aller convoler en justes noces), même... tout, quoi ! "La Malédiction de la Dame Blanche" donne vraiment l'impression d'un film réalisé par un type obnubilé par le cinéma d'épouvante de Wan et voulant (en un peu moins bien) égaler son maître. Dans le fond, pourquoi pas ? Il y a pire comme modèle et la première partie -la plus convaincante- du long-métrage donne même envie de croire à un spectacle efficace à défaut d'être innovant.
Car, oui, l'histoire de cette Dame Blanche est d'une banalité affligeante... Déjà, il ne s'agit pas de son homonyme s'amusant à hanter les automobilistes le long des routes mais d'une femme qui, après avoir noyé ses deux enfants, s'est donnée la mort. Depuis, au lieu d'aller dans l'au-delà comme tout bon spectre qui se respecte, cette fantôme a choisi d'errer sur Terre pour continuer à noyer la progéniture d'autres mères tout en chouinant en permanence avec les glandes lacrymales les plus louches de l'Histoire médicale. En 1973, après avoir frappé fort un premier coup afin de bien montrer qu'elle ne rigolait pas, la voilà qui jette son dévolu sur une mère célibataire/assistante sociale et ses deux enfants à peine remis du décès de leur mari/père policier...
Comme on l'a dit, cette exposition marche bien, rien de fou à signaler mais Michael Chaves s'applique conscieusement à copier son parrain, l'immersion dans la communauté mexicaine d'où est issue cette légende donne un certain cachet hispanique à l'ambiance du film et, mieux, les premières apparitions de la Dame Blanche font gentiment leurs petits effets... Seulement, une fois l'histoire et le mode opératoire assez maigres du fantôme dévoilés, "La Malédiction de la Dame Blanche" n'a tout simplement plus rien à raconter.


Techniquement, le film aura beau chercher à se défendre, le vide scénaristique intersidéral auquel il fait face est d'une telle ampleur que rien ne pourra désormais plus le sauver du naufrage... ou, oserait-on, de la noyade ? (salve d'applaudissements). Comme il reste encore une bonne heure de long-métrage et que la Dame Blanche ne peut pas bêtement tuer ses proies d'un coup (ce serait bien trop simple), la spectre dépressive va se contenter d'apparaître sans raison dans un festival de jumpscares qui ne tiennent plus route à cause de leur répétition parfaitement gratuite. Alors que le film sombre complètement dans le néant, la fantôme, apparemment aussi ennuyée que nous, ira même jusqu'à laver les cheveux d'une de ses victimes histoire de passer le temps. Le spectateur aura beau lui aussi pleurer des larmes d'acide comme la Dame Blanche devant la nullité abyssale vers laquelle le film plonge sans cesse, rien n'y changera et surtout pas l'entrée en jeu d'un ancien prêtre, promesse d'un sempiternel dernier acte plein de rituels pour chasser cet esprit tout vilain. Aussi médiocre soit-il, "La Malédiction de la Dame Blanche" n'avait pas encore franchi les limites du ridicule, ce sera chose faite avec un "rituel-omelette" (on ne voit pas d'autres noms à donner à ce truc, désolé) particulièrement hilarant qui achèvera l'ensemble.
Par politesse, on vous passe l'analyse des derniers événements du film qui risque de créer chez vous un sentiment d'une nouvelle espèce : la léthargie affligée. Oui, rien que ça...


Se plaçant à un niveau qualitatif situé entre le premier "Annabelle" et "La Nonne" (sacré tour de force !), "La Malédiction de la Dame Blanche" laisse néanmoins entrevoir quelques promesses visuelles de la part de Michael Chaves mais encore faut-il que l'on donne à ce pauvre bougre quelque chose à raconter (espérons que ce soit le cas pour le troisième "Conjuring" sinon ce sera la bérézina de cet univers) ! Une bien maigre consolation devant cette Dame Blanche et si Transparente...

RedArrow
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le 17 avr. 2019

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