Originaire du plat pays, il me faut évidemment voir quelques films belges de temps en temps. Il serait quand même presque plus logique de parler de cinéma néerlandophone et de cinéma francophone tant les différences dans les sujets, le traitement et les acteurs sont flagrantes. La Belgique ne possède en tout cas pas une identité propre à ce sujet. C'est bien simple, lors des Magritte du cinéma qui récompense les meilleurs du cinéma francophone, la Ministre de la culture francophone, elle aussi, s'est interrogée sur le fait s'il n'était pas plus judicieux de regrouper les deux récompenses vu l'attribution de deux pris à des Néerlandophones lors d'une remise de prix francophone. Bref, encore une belle histoire belge en quelque sorte.
Revenons-en donc à La Mémoire du Tueur, film policier plutôt passionnant et réalisé par le réalisateur à succès dans le Nord du pays qu'est Erik van Looy.
La Mémoire du tueur nous replonge dans les années 90, peu avant le scandale de l'affaire Dutroux. Au menu de ces flics: une sombre affaire de prostitution infantile à Anvers, un complot où des politiques sont mêlés, les policiers et les gendarmes qui se mettent des bâtons dans les roues tant les deux services sont en conflit.
Il n'y a rien à faire, si l'histoire et le lieu sont différents, l'écho à l'affaire Dutroux est bel et bien existant, mettant en avant les soupçons de complot un temps émis et surtout les bisbrouilles judiciaires et policières.
Sur le film lui-même, il y a des forces et des faiblesses. L'histoire est assez captivante puisque franchement bien étoffée. Le personnage du tueur à gages est particulièrement intéressant car malgré son sale boulot, on est pris d'empathie pour un mec qui semble épris d'une certaine justice.
Les policiers ont des caractères assez intéressants également et le film comporte quand même quelques moments forts.
Malheureusement, il y a aussi des faiblesses. Je regrette les espèces de moments où le tueur à gages, atteint d'un début de maladie d'Alzheimer semble perdre pied. Il y a une espèce de lumière verte plutôt dégueulasse et franchement un peu inutile à l'histoire du film alors que le reste est franchement filmé très proprement (ne fut-ce que l'entrée en matière, qui nous met directement dans le bain).
Enfin, le film perd quand même en intérêt une fois l'arrestation du tueur à gages alors qu'il reste quand même une bonne vingtaine de minutes. Ca s'essouffle un fameux coup et ça ne se relance pas vraiment en dépit des quelques événements finaux.
J'avais l'impression d'un troisième point qui me chagrinait un peu mais au moment d'écrire ces quelques lignes, il ne me revient pas en tête.
Qu'importe, La Mémoire du tueur, malgré les défauts énumérés, est un bon film policier, preuve s'il en est que le cinéma belge ou néanmoins flamand peut nous sortir autre chose que du cinéma social déprimant. Même si le sujet de cette oeuvre ne porte pas vraiment à la réjouissance.