En rupture avec son père qui a abandonné la ferme familiale pour une vie de salarié rangé, Sébastien (François Pouron) se bat seul pour continuer à cultiver les terres de son grand-père. Fier de ses racines, passionné par les auteurs élevant la communion avec la nature en expérience existentielle suprême, du haut de son idéalisme il traite avec condescendance nombre de ses contemporains. Néanmoins, sa rencontre avec une lumineuse aide à domicile (Fleur Geffrier), jeune femme porteuse d’une spiritualité moins tourmentée que lui, va l’adoucir. Entre deux débats sur la complémentarité du paganisme et du christianisme, les deux jeunes gens, transcendés par l’amour, réenchantent leurs mondes respectifs.
Autoproduit avec un budget ridicule, existant grâce à la ténacité de sa réalisatrice et à la fidélité de son équipe, La morsure des dieux exsude la sincérité, l’amour du beau et de sa transmission. Centré sur le monde paysan et sur la spiritualité, le film nous entraîne dans des confins peu explorés du cinéma français. La présence et la justesse de Fleur Geffrier n’y est sûrement pas pour rien, tant elle tempère de sa douceur l’extrémisme parfois effrayant du personnage principal, tout en lui permettant de révéler le meilleur de lui-même. Conte de fée bucolique, La morsure des dieux échappe plaisamment au monolithisme. De la réalité, Cheyenne-Marie Carron veut nous montrer aussi bien le meilleur, le pire, que le médiocre. En effet, dans ce pays basque qu’elle filme amoureusement, la réalisatrice croque une galerie de personnages variés, des plus résignés aux plus utopistes en passant par toute la palette des résistants tempérés.
Mon interview de la réalisatrice : https://www.chacuncherchesonfilm.fr/actualites/90-interview-de-la-realisatrice-cheyenne-marie-carron