L'histoire s'inspire du crash aérien du Malabar Princess et, plus généralement, est l'adaptation du livre éponyme de Henri Troyat. Soit Isaïe, un vieux quinquagénaire usé par la montagne et diminué intellectuellement suite à un accident d'escalade qui coûta la vie à son client et remontant au temps où il était encore un guide de haute montagne écouté et respecté, qui depuis lors vit paisiblement au cœur de la vallée entouré de son troupeau de mouton. Il partage la maison familiale avec son frère cadet Marcellin. Si le premier se contente parfaitement de cet existence alpestre et modeste, le second, dans la fleur de l'âge, nourrit de toutes autres ambitions : la ville, le tumulte urbain et l'argent l'appellent hors du massif du Mont Blanc où sa famille réside depuis des générations. Seulement il n'a pas les moyens de ses ambitions et ruminent son infortune au bistrot du village, l'alcool étant la seule échappatoire à sa disposition immédiate. Mais quand un avion en provenance d'Inde vient s'écraser sur les cimes environnantes au cœur même de la montagne l'espoir renaît. S'il ne fera peut-être pas fortune, au moins occupera-t'il son temps à faire quelque chose d'autre que vider les fonds de bouteilles. Malheureusement sa jeunesse et sa fougue lui barre l'accès à la montagne : une équipe de sauvetage réunissant tout les séniors de la vallée est en effet dépêchée sur les lieux de l'accident afin de porter assistance aux éventuels survivants. Mais la montagne se montre capricieuse et éjecte ses assaillants et en tue un au passage. C'est Servoz. Célébrité régionale et alpiniste émérite, amis de longue date et ancien compagnon de cordée d'Isaïe. L'escalade est jugée trop périlleuse et toute tentative de secours au sommet est avortée : suffisamment d'hommes sont morts pour le moment. Une aubaine pour le jeune Marcellin. L'épave orientale doit regorger de pierres précieuse et d'objets rares. Au moins y trouvera-t'il les effets personnels des victimes. C'est déjà un beau pactole pour ce branleur de compétition. Ni une ni deux, le voilà chaussés et équipés, crampons et piolets dehors, prêt à découdre avec la montagne. Par un savant mélange de perversité et de chantage affectif, il s'arroge la compagnie de son frère, le roi déchu du rocher. L'ascension est ardue mais avalée dans les temps. En chemin, le spectre de son l'accident ne cesse de revenir hanté l'esprit de Isaïe. Juste avant le crépuscule, au terme d'une escalade pénible et glacée, il parviennent pourtant à l'épave où l'unique survivante les attend, un pied dans la tombe, avec un dilemme : sauver une vie et laisser l'argent sur place ou laisser la laisser mourir et se barrer avec l'oseille...
Sans révéler la fin, ce cher Dmytryk, nous ressort encore sa sempiternelle métaphore sur la culpabilité. Son rôle de délation dans la chasse aux sorcières l'a semble-t'il plus marqué que son camarade Kazan. Si le second est progressivement redevenu en odeur de sainteté, le premier ne sera jamais complètement pardonné. D'où son obsession pour le pardon et la culpabilité. Il lui a peut-être manqué son "On the Waterfront". Je ne sais pas. En tout cas ce n'est pas avec The Mountain, sorti en 1956, qu'il se fit pardonner. Ni par ses détracteurs, ni par les cinéphiles car le film est vraiment très moyens. L'histoire, qui était pourtant prometteuse, n'est guère que survolé, les personnages à peine effleuré et la conclusion d'une accablante condescendance. En plus Tracy et Wagner sont assez pathétiques...