Tran Anh Hung est un trop rare cinéaste. Je l'ai découvert avec sa Caméra d'Or en 1993 pour "L'Odeur de la papaye verte", film que j'affectionne particulièrement. L'art culinaire est présent dès cette première oeuvre , mais, également dans "A la verticale d l'été". "La Passion de Dodin Bouffant" s'inscrit dans une thématique chère au cinéaste. C'est avec la même grâce, la même esthétique qu'il réalise l'adaptation du roman de Marcel Rouff au titre homonyme.
Le film est, ainsi, une succession d'hommage à la gastronomie française traditionnelle et nous régale -de bout en bout- de croustillants vol-au-vent, de turbot à la crème, de poularde truffée, de somptueuses omelettes norvégiennes...j'en passe...sans oublier le pot-au-feu et l'accompagnement en vins mythiques. Les ingrédients sont tout aussi magnifiquement filmés et font partie intégrante de la mise en scène. Et puis, il y a le couple à la cuisine. Elle, c'est Eugénie/Juliette Binoche, la cuisinière et lui, c'est Dodin Bouffant/Benoît Magimel, le gastronome. Il invente des recettes, elle les réalise et les sublime. Le couple est intimement lié, l'amour semble la clé de voûte de leur art. Nous sentons l'osmose entre les comédiens, une belle complicité, une sensualité et une tendresse très naturelles.
D'autres personnages , le groupe d'amis, la petite apprentie sont -en quelque sorte- les "faire-valoir" du couple, et sont amenés à tester et déguster les menus. Nous ne sommes pas loin du fameux "Festin de Babette", mais dans ce récit, les invités sont -par avance-conquis.
Ce film met, véritablement, "l'eau à la bouche" et m'a moi-aussi-conquis, et fait, bien entendu, partie de mon top" A table ! ". Je vous invite, donc, à mettre la serviette au cou et à visionner ce beau et savoureux récit. Prix de la mise en scène méritée à Cannes l'année dernière.