Burglar compose un personnage attachant de cambrioleuse camouflée en libraire intransigeante, qui n’hésite pas à menacer un client lui-même surpris en flagrant délit de vol, et choisit à juste titre Whoopi Goldberg pour l’incarner : l’actrice place son potentiel comique – sens de la répartie, déguisements, espièglerie – au service d’une intrigue de thriller sur fond de critique sociale, convainc davantage que dans le mauvais Jumpin’ Jack Flash (Penny Marshall, 1986) où la confusion des tonalités créait une disharmonie périlleuse. Pourtant, hormis quelques séquences réussies tels l’ouverture en montage parallèle ou le retour intempestif du mari qui conduit Bernice à être témoin d’un crime, elle qui ne cesse de s’attarder chez sa proie pour visiter sa maison ou fumer une cigarette, l’ensemble peine à s’élever au-dessus du niveau d’un téléfilm produit en série : les personnages secondaires n’existent pas à l’écran, simples prétextes pour avancer l’intrigue et engendrer des retournements de situation prévisibles au demeurant, le rythme se pose et suit les actions avec pesanteur, la mise en scène est une mise en images comme une industrie met en boîtes. Enfin, les partis pris loufoques, comme le rendez-vous chez le dentiste, paraissent forcés et dissonent avec les enjeux plus graves que le long métrage accentue par leur répétition.