Swimming fools
Il est aisé d’imaginer ce qui fit le succès d’un tel film à son époque : la star absolue Delon, une villa tropézienne, des scènes bien caliente avec une Romy dont on va relancer la carrière, et un...
le 17 juin 2017
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Il est aisé d’imaginer ce qui fit le succès d’un tel film à son époque : la star absolue Delon, une villa tropézienne, des scènes bien caliente avec une Romy dont on va relancer la carrière, et un jeu avec l’amour libre qui dérape, tous les ingrédients sont convoqués pour le hit.
Ne considérer que cette logique serait a priori réducteur, surtout au vu de la première heure du film : La Piscine travaille en effet son style, au point de doubler son intrigue d’un investissement de l’espace de premier ordre. La villa est le personnage central, d’autant plus mystérieuse qu’elle n’appartient à aucun des protagonistes : tout, ici, clame le règne de l’artifice et de l’ostentatoire. Il suffit de voir les différentes tenues et coiffures de Romy pour s’en convaincre. Le couple qu’elle forme avec Delon vit dans une parenthèse digne de ce qu’offrent les publicités sur papier glacé, et y voit les indices d’une permissivité inédite.
Les premiers ébats, virant au SM, dessinent ainsi une ambiance torride dans laquelle on prend conscience qu’il vaut mieux s’abstenir de parler, comme pour prolonger un rêve un peu fragile. L’arrivée d’un nouveau couple, Maurice Ronet et sa fille Jane Birkin, dans son premier rôle hexagonal, va accroître ce goût pour les expériences borderline.
Une nouvelle fois, la caméra prend le relais de conversations d’une banalité voulue, captant des regards qui disent davantage, des ambiguïtés sulfureuse et un jeu avec les limites à ne pas franchir. Les mouvements latéraux de l’appareil, surtout, accompagnent cette valse malsaine, avec une lenteur qui cherchent à en extraire la densité, et placent les personnages sur un échiquier dont ils ne maîtrisent pas la stratégie globale.
Le spectateur, témoin mais surtout voyeur, finit par soupçonner chaque participant de dissimulation, d’intentions doubles, et discerne clairement les fragilités qu’ils refusent d’admettre.
Jacques Deray apporte donc, par sa mise en scène, ce que les acteurs ont un peu du mal à traduire, sans qu’on puisse toujours déterminer s’il s’agit d’une médiocrité imputable à leur rôle ou une absence de conviction. L’exemple de Delon est patent : un peu beauf, empesé par une voix caverneuse, antipathique, dénué du charme magnétique dont il est coutumier (à l’exception des scènes d’ouverture), sa partition déstabilise.
Malheureusement, la direction prise par le récit désactive ce qui faisait sa saveur. L’événement funeste, l’enquête sont d’une linéarité convenu qui vient contredire les méandres qu’on avait dessinés jusqu’alors, et la soit disant ambiguïté finale ne convainc guère.
Les lieux restent, les personnages passent, sans avoir, finalement, pu y dessiner un sillage véritablement marquant.
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le 17 juin 2017
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