Enrobé de la fureur dépressive typique des noires seventies italiennes, La polizia è al servizio del cittadino est un poliziesco de belle facture qui préfère jouer avec la psychologie de ses différents protagonistes à l’action pure. En effet, même si l’on y trouve les ingrédients propres au genre, à savoir des exécutions sommaires en pagaille et une illustration radicale d’une Italie pourrie jusqu’à la moelle, c’est véritablement le destin du commissaire Sironi qui intéresse avant tout Romolo Guerrieri.
Flic jusqu’au bout des ongles, impliqué à 300% dans sa lutte contre le crime organisé, il mute pendant 1h30 en ce qu’il tente de combattre, adoptant les vicieuses méthodes qui permettent à ses némésis de lui échapper encore et toujours. A travers une fin radicale qui marque l’aboutissement d’une chasse au malfrat dont l’issue était décidée alors qu’elle n’était pas encore initiée, le personnage renonce à se battre et dépose les armes, non sans y trouver sa propre satisfaction.
Polar hardboiled au cœur volontaire, le film de Guerrieri est toutefois ampoulé par un rythme assez changeant —la première partie est assez laborieuse— et une plume qui n’hésite pas à user de très grosses ficelles pour faire aboutir son intrigue prometteuse. Toutefois, lorsque la sauce prend et que l’enquête didactique entreprise par le nerveux Sironi prend des allures de revenge movie à l’ancienne, la saveur d’une violence rassasiante se fait rafraichissante. Et si toutes les promesses des premiers instants ne sont pas forcément tenues et que sa mise en scène peine à décoller même si elle reste très honorable, La polizia è al servizio del cittadino vaut assurément le coup d’œil, les amateurs du genre, et plus généralement ceux qui aiment le verbe fleuri des italiens, devraient y trouver leur compte.