La Porte du paradis par SAzu
La salle était comble à la Filmo pour voir la version restaurée de La Porte du Paradis. Film maudit paraît-il, dernier chef d'oeuvre avant les block-buster immondes qui lui succédèrent. Film tiré sur la longueur aussi, mais quelle fresque... Et porté par une musique qui le tire un peu vers un Barry Lyndon, à la façon Western, moins personnel.
On est bluffé par le style et la classe d'un Kristofferson et la vitalité de Isabelle Huppert, géniale dans son rôle qui est loin d'être secondaire. Quelques scènes sont tout à fait savoureuses : le violon sur patin roulette dans la salle de l'Hôtel de ville, Ella qui se baigne, nue, dans les eaux du lac... Cimino gère la vitesse, mais aussi des rythmes plus lents.
Malgré la longueur, donc, de belles images amenées par une belle lumière, mais un peu trop de narcissisme de Cimino dans ces plans - et des décors légèrement cartons pâtes, il faut le dire. Enfin, et surtout, ce film parle d'amour. Une femme belle et indépendante, un beau parfait, un garçon maudit. "Une femme peut-elle aimer deux hommes ?" demande Ella, "Oui, je crois, mais c'est plus compliqué" répond Jim. "Je gère", dit-elle, la larme à l'oeil.