Deux ans après "Voyage au bout de l'enfer" Michael Cimino s'est apparemment dit "Pourquoi je ne referais pas un chef d'oeuvre tient ?!".
"La Porte du paradis" est donc ce nouveau chef d'oeuvre, mon deuxième film de ce réalisateur qui rien qu'avec deux films m'a complètement bluffé, celui ci ne fut pas une grande claque comme le fut "Voyage au bout de l'enfer" mais je ne peux lui mettre moins que le rang de chef d'oeuvre, quand on arrive avec 3h39 de film sans aucun défaut ça ne mérite pas moins.
En 1890 dans le Wyoming, une association de riches éleveurs se mettent en quête de tuer 125 immigrants arrivés pour la plupart d’Europe centrale car ils volent leurs bétails pour se nourrir, James Averill, shérif fédéral va se retrouver au milieu de toute cette bataille, alors que pendant ce temps Ella Watson, jeune prostituée française et fidèle amie de James, voire même plus qu'amie va être déchirée entre son amour pour James et pour un des partisans de l'association Nate Champion.
En bref, au milieu de toute cette folie, cette guerre du plus riche et du "je suis chez moi et pas toi" se trouve une histoire humaine, une histoire d'amour.

Michael Cimino dirige le tout d'une main de maître, j'avais déjà remarqué sa folie du détail sur son précédent film, cette justesse des lieux, lieux vivants, extrêmement vivant, plus vivant que ça j'ai rarement vu, les gens autour ne sont pas des simples figurants avec Cimino, on ne sent pas un seul instant que tel ou tel acteur a été placé auparavant, tout est d'une justesse irréprochable, tout comme les décors et la reconstitution des lieux plus que grandiose, y'a pas d'autre mot, ce levé de soleil rosé dans la dernière demi-heure m'a vraiment mit sur le c.., enfin vous voyez quoi, et certains plans, voire même de nombreux plans sont comme ça, ils mettent sur le ... vous voyez toujours.
Y'a un soucis du détail vraiment poussé et fascinant carrément, où que l’œil aille il y'a quelque chose, vraiment magique comme travail, je pourrais parler des décors encore et encore mais je finirais par vite me répéter, en tout cas, que ce soit les costumes, les lieux et l'ambiance, tout est respecté et vrai.

Niveau réalisation et mise en scène Cimino m'a encore une fois déjà prouvé son talent avec son précédent film mais il ne fait que en remettre une couche avec celui-ci, la réalisation est tout simplement parfaite, mais c'est surtout la mise en scène qu'il faut regarder ici, que ça aille du début où les élèves de Harvard se retrouvent dans je ne sais plus comment ça s'appelle, on va dire dans la grande pièce, il y a un vrai travail de mise en scène incroyable, comme durant tout le film, mais là où c'est le plus frappant et je pense que peu me contrediront c'est au moment de la bataille finale, là, là, là c'est.... non il n'y a pas de mot vous avez raison, c'est purement et simplement remarquable, entre les fusillades à cheval, les chariots qui explosent, la poussière qui envahie la plaine, le tout sans aucune musique pour que l'instant soit plus fort, seuls les sabots des chevaux et les balles qui sifflent sont au rendez-vous, c'est juste.... non j'ai pas de mot.
A ce moment là il n'y a aucune musique c'est sur mais durant le reste du film une bande son vraiment très belle fait sa place, elle est d'autant plus belle quand elle se mélange avec ces magnifiques décors.

Pour le choix du titre du film j'ai trouvé ça vachement astucieux, à vrai dire en voyant l'affiche je ne m'attendais pas à ça comme histoire, ne m'étant pas vraiment renseigné dessus je ne savais pas trop à quoi m'attendre, c'est simplement en découvrant le reflet de ce couple apparemment amoureux dans ce lac, si je ne me trompe pas c'est un lac, c'est en voyant ce couple que j'ai compris qu'il y aurait une histoire d'amour et en regardant plus haut des chevaux mais je ne pensais vraiment pas tomber sur une sorte de guerre intime, et bien ma surprise n'en est que forcement plus belle, donc pour en revenir au titre, la porte du paradis, Heaven's Gate en version originale renvoi tout simplement au nom de l'endroit ou le village se réuni pour faire la fête et danser une dernière fois, là où tout le monde est vraiment heureux pour la dernière fois, et j'ai trouvé ça vraiment fascinant d'utiliser le nom de cet endroit pour le titre, car au final c'est clairement la seule chose vraie dans l'histoire, la seule belle chose qui était présente, un village heureux, des amis et la communauté, avant que tout soit chamboulé, j'ai vraiment trouvé ça ingénieux.

Pour finir, car oui il faut finir, non ne pleurez pas, s'il vous plait un peu de fierté, non sincèrement relevez vous, bref, pour finir qu'avons nous coté casting, là aussi ce n'est pas surprenant d'avoir du beau monde quand on voit le casting (encore une fois) de son précédent film, comme son premier film d'ailleurs, que je n'ai pas encore vu, Kris Kristofferson que je ne connais pas vraiment mais qui du coup se révèle vraiment intense et génial et la jeune et belle Isabelle Huppert en tête, qui elle aussi fait un boulot de toute beauté, à leurs cotés nous retrouveront les grands, tellement grands que je ne vois plus que leurs pieds Christopher Walken et de toute évidence John Hurt, nous retrouvons également le jeune Jeff Bridges qui fut déjà dirigé par Cimino six ans plus tôt dans "le Canardeur", également au casting, du coté des méchants ce coup ci Sam Waterston, dans un petit rôle j'ai aussi remarqué le jeune Terry O'Quinn (Locke dans LOST pour les fans).

En résumé, un scénario impeccable, une réalisation et une mise en scène magistrale, des décors et une reconstitution remarquable, un casting à la hauteur du projet, le tout réuni dans un Michael Cimino épatant, quoi de mieux ?

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le 4 sept. 2014

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