Je mène aussi une rétrospective Claude Goretta, cinéaste suisse que je découvre et qui me passionne. J'espère qu'un jour ses films seront restaurés et surtout édités, car j'ai par exemple été obligé de voir La Provinciale dans un vieux rip tv de l'époque assez catastrophique alors que le film a l'air d'une grande beauté plastique. Mais cela ne m'a absolument pas empêché d'apprécier ce beau film a sa juste valeur. On y suit une jeune femme de 31 ans, jouée magnifiquement par Nathalie Baye (dont le sourire à l'époque était le plus beau sourire du cinéma), qui quitte sa Lorraine où elle se trouvait au chômage, abandonnant famille et amis, pour, comme on le disait à l'époque, tenter sa chance à Paris. Le film raconte ça, la solitude de cette jeune femme dans une ville qu'elle ne connait pas. Sa rencontre avec une homme marié avec qui elle a une aventure amoureuse (Bruno Ganz), alors qu'elle ne veut pourtant pas être une parenthèse pour un homme. Celui-ci, qui semble l'aimer véritablement, partira au Japon suite à une promotion professionnelle. Mais aussi et surtout le film montre cette jeune femme se débattre pour trouver un emploi, et ses échecs répétitifs qui la mèneront jusqu'à l'humiliation la plus totale. Mais dans un ultime sursaut d'orgueil, elle relèvera la tête et décidera de retourner dans ses terres natales. La ville de Paris est montrée de manière froide, comme un gros monstre qui est capable d'avaler lentement les individus isolés et perdus. Pour être "monté" à Paris sans travail il y a plus de 20 ans, j'ai évidemment retrouvé pas mal de choses superbement captées par Goretta ici, l'idée que cette ville peut littéralement vous avaler, vous broyer si vous ne vous débattez pas suffisamment.