Par où commencer...
J'avais l'habitude de m'insurger contre ces Américains qui refont l'histoire selon leur bon plaisir, mais entre "Indigènes" et "La Rafle", je commence à me dire que les Français ne valent pas beaucoup mieux dans le registre de la reconstitution historico-foireuse.
Je passe sur le jeu des acteurs, qui m'a laissé relativement indifférente. Mais j'aimerais toutefois apporter une mention particulière pour les très nombreux enfants du film, absents de la plupart des critiques, et qui à mon sens ont fait un travail plutôt bon malgré leur jeune âge.
Pour le reste...que dire... c'est un film où les gentils sont très très gentils et dévoués et les méchants vraiment vraiment très très très méchants. Sans la plus petite once de subtilité, jamais.
On nous gratifie d'un Hitler d'opérette à peine ressemblant faisant des câlinous à des enfants en mangeant du gâteau, avant de décréter, lui, tout seul, le massacre de millions de juifs. Une petite caresse au chien, on rappelle que le brave homme était végétarien par respect pour les animaux et au passage on fait un bras d'honneur complet à la conférence de Wannsee et à toute l'historiographie contemporaine et aux travaux portant sur le rôle joué par Hitler dans le processus ayant mené à la solution finale.
Pétain insipide. René Bousquet plus nazi que les nazis. Sur ces points là cependant, je veux bien croire qu'on n'était pas loin de la réalité.
Je crois que le pompon du film ça reste l'entretien avec les deux Américains sortis de nulle part venus dire aux Français que, moralement, déporter des juifs c'est pas bien.
Faut pas se leurrer, à cette époque là le sort des juifs c'était bien le cadet de leurs soucis.
Quoi d'autre.. ah ! ben oui ! Encore un film dont on sort en ayant l'impression qu'il y avait plus de résistants que de collabo en France... non mais sérieusement. Les gens n'étaient pas soient des vilaines balances soient des gens prêts à risquer leur vie. 98,9% des gens avait peur, et avait bien raison d'avoir peur. Ce n'était pas soit on insulte les juifs soit on les protège. La plupart des gens fermait les yeux. C'était ça la réalité de l'occupation. On ferme les yeux, on courbe l'échine et on attend que ça passe.
Je n'ai pas connu cette période, je me garde bien de jeter la pierre. Mais Mme Rose Bosch aurait été bien avisée de proposer un film un peu moins manichéen.
Je pense que quand on tourne un film qui se veut être dans la veine du "devoir de mémoire", la moindre des choses c'est de respecter toutes les mémoires, et pas uniquement celles qui sont les plus enclines à faire grimper les actions de Kleenex. L'histoire est bien assez laide comme ça, inutile de la rendre plus moche encore.
PS : Y'a que moi que ça fait rire ? "Rose Bosch" qui fait un film sur l'antisémitisme ?