J'aime me faire du mal.



Cette critique a pour but de faire -à mon échelle- un peu de promo pour La Règle du Jeu.


Et Bim est un collectif "qui veut tirer l'humanité vers le haut", qui officie sur YouTube. Si tu ne connais pas ce qu'ils font, file regarder les podcasts de Marius, ou "Darfimbabwour".


Ambroise et Andréa sont 2 anciens élèves de l'EICAR. Et ils ont fait leur premier long métrage, "La Règle du jeu", il y a quelques années déjà, et arrivent seulement maintenant, en mars 2017, à le faire distribuer. Dans une seule salle à Paris. Une seule salle qui a cru en eux. Résultat : une quinzaine de séances ont été organisées, en présence de l'équipe du film et suivies d'un débat. Et parce que chez Et Bim ils sont forts et talentueux, ils font toujours cogiter à travers leurs créations. Ils suscitent le débat. Et c'est pour ça que de voir le film en petit comité (30 dans la salle) et de participer à un débat après le film était aussi intéressant que le film et même complémentaire.


Concernant le film, il transpire l'amateurisme et le manque de moyen. Ou plutôt le vrai et le talent créatif. Il se déroule quasiment en temps réel, toutes les répliques sont improvisées, les acteurs ont les mêmes prénoms que leurs persos, le film a été tourné en 6 heures, une nuit, avec une simple trame narrative, en 3 parties dont 2 tournées en direct, avec 3 cadreurs qui filment en longue focale pour éviter de s'entre-filmer. C'est donc quelque chose d'assez hors du commun.


Une expérience sociale.


Le film en tant que film souffre de pas mal de défauts, à commencer par de nombreuses longueurs, des persos qui parlent tous en même temps ce qui est pas mal confus par moment, des très gros plans un peu moches, trop sombres flous qui bougent trop.


Mais en tant qu'expérience sociale et au regard du travail derrière, ils ont réussi à créer un truc assez ouf. L'idée de base était de faire un jeu de vérité, tourné en 1 nuit, improvisé. Le film a mis 1 mois entre la naissance de l'idée et le tournage. Puis 5 ans à être projeté en salles.


Ambroise ne veut pas faire passer de morale, juste pointer du doigt un comportement. Il filme plus les réactions des personnages, plutôt que ceux qui parlent. Parce que le but du film est de nous faire réagir. Moi et les autres, ça nous a fait cogiter : le film reflète très bien la perversité humaine qui fait qu'on aime cracher dans le dos des gens et qu'on ne supporte pas qu'on nous crache dessus. Il interroge sur est-ce qu'il vaut mieux être hypocrite et s'assurer la sympathie de notre entourage, ou dire ce qu'on pense sans filtre, et du coup s'accorder les foudres de tout le monde.
Et pendant le générique de fin, j'ai réalisé un truc horrible. Que si ça se trouve je ne connaissais pas du tout la vraie nature des gens que je connais. Parce que moi je sais bien qu'au fond de moi je pense des trucs même sur mes meilleurs amis que je ne leur ai jamais dits. Et c'est terrifiant de se dire que, si on est soi-même et qu'on assume tout ce qu'on pense, on est forcément détesté. Et que la seule façon d'être sympa, intégré dans une société, c'est de ne pas être totalement soi-même, de cacher des choses.


Mais d'autres personnes dans la salle ont vu des messages différents et tout aussi intéressants, qu'ils ont pu exposer dans le question-réponse, heureusement moins sanglant que celui du film.
Un homme pensait que le film parlait du fait que si on se créé tous une apparence sympa, gentille, en fait en grattant un peu, on est tous "médiocres". Et que le film parlait de la façade sociale qu'on arbore tous. Y compris toi. Que t'es jamais toi-même.


Une femme, elle, suggérait de montrer le film à des lycéens, car elle y voyait un message sur la télé-réalité, ou encore les réseaux sociaux. La télé-réalité car le film est tourné de manière si vraie, que l'on en oublie que ça reste -en grande partie- une fiction, une façade. Même si les acteurs improvisent et jouent plus ou moins leurs propres rôles, ils restent des comédiens. Mais ne sommes-nous pas nous-mêmes des comédiens de nos propres vies, à se montrer au monde différent de la personne qui sommeille au fond de nous ? Hehe. Et les réseaux sociaux dans la même optique, celle de se présenter sous un profil que l'on définit nous-mêmes (c'est encore plus flagrant vu qu'on choisi sa photo de profil, on choisi à quoi on ressemble face aux autres, on peut réfléchir à ce que l'on dit, ce que l'on poste etc.) Ce n'est pas spontané, naturel. Ce n'est pas nous.


En bref plusieurs visions du film toutes plus négatives les unes que les autres.


Mais qui font réfléchir.


Alors le film en lui-même n'est pas forcément ouffissime en terme de divertissement, si tu veux passer une soirée tranquille détente, ne regarde peut-être pas "La Règle du Jeu".


Mais si tu veux réfléchir, t'interroger sur toi et les autres, alors intéresses-y toi de plus près (et va checker leur page Facebook pour voir les horaires des séances du film).

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le 23 mars 2017

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Zliott

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