La Reine des pommes par Miho
Je ne sais pas ce qui m'a pris de regarder ce film : un moment de détresse, une overdose de films de genre, la beauté de Jérémie Elkaïm, une envie de boboïser subite. Bref, toujours est-il que je l'ai regardé. En entier.
Le premier quart d'heure je me suis sérieusement demandée si j'allais tenir, parce que c'est très mal filmé, très mal joué et ça cumule les clichés sur les trentenaires parisiens paumés à faire passer Klapisch pour un cinéaste underground breton.
Sauf qu'un charme fini par se dégager. Est-ce parce qu'Adèle, interprétée par Valérie Donzelli, est tellement déconnecté du monde qu'elle en devient touchante ? Est-ce parce que les personnages - masculins en tête - sont d'une bêtise et/ou d'un cynisme sans borne ? Est-ce que parce que l'amour porté à Paris se ressent dans chaque plan ?
Donzelli aurait pu faire un Amélie Poulain du pauvre, une fable rance et conservatrice sans effets spéciaux, une guimauve vomitive passéiste, mais elle évite l'écueil habilement en peuplant son film de situations et de personnages profondément humains.
Bêtes, méchants, drôles, sensibles, ancrés dans leurs habitudes : on les côtoie tous les jours ces gens là. Pire, on leur ressemble. Et de temps à autre, dans cet amas de discussions futiles et de rencontres tout aussi inutiles, quelques fulgurances éclatent : un conte lu sur l'oreiller, un orgasme dans une voiture, un sourire esquissé.
Croire au prince charmant envers et contre tout, s'emmerder dans sa vie de famille, pleurer sa rupture, puis finalement continuer à avancer parce qu'il n'y a pas grand chose d'autre à faire. C'est un miroir grossissant La Reine des pommes, une toute petite histoire sur une toute petite vie, parfois cruel et mélancolique, souvent drôle et juste.