The Scout investit le monde du baseball par le biais de la filiation et de l’autorité, se saisissant d’un joueur psychologiquement instable mais doté d’un talent inégalé, Steve Nebraska, comme miroir tendu à son entraîneur où se réfléchissent ses ambitions, ses échecs et sa profonde solitude. Le personnage d’Albert Brook est un paria, recruteur que personne ne prend plus au sérieux en raison des déconvenues qu’il a imposées à l’équipe des Yankees ; sa position de marginal coïncide alors avec celle du champion, mais de façon inversée puisque ce dernier aspire à une vie simple loin de la lumière aveuglante des projecteurs et des flashs d’appareils photo. Leur relation boiteuse tente ainsi de faire coïncider périphéries et centre, de concilier désir de réussite par autre interposé – puisque l’entraîneur s’efforce de porter des lauriers qui reviennent à Steve, et que Steve tire profit de la situation pour commencer une nouvelle histoire new-yorkaise placée sous le signe de la lucidité par l’intermédiaire des femmes, psychologue comme amie avec qui il passe la nuit –, ce qui montre bien que la thérapie que doit suivre Steve, bien plus fragile en apparence que son recruteur, contient celle de son entraîneur comme l’atteste la confusion médiatique volontaire que ce dernier sème pour préserver son champion.
Le film vaut donc pour ce portrait croisé, davantage que pour sa gestion du comique, assez bancale et stéréotypée, et pour sa mise en scène, des plus illustratives.