Le film se déroule au premier trimestre de l'année scolaire 1956-1957 et met en scène une classe de terminales d'une petite ville d'Allemagne de l'Est nommée Stalinstadt, non loin de la frontière polonaise, à une quarantaine de km au sud de Berlin alors partagé entre zone soviétique et zone américaine (sans que le "mur de Berlin" ne concrétise encore la frontière entre les deux, on est à 5 ans de son édification). En 1956, la Seconde Guerre Mondiale n'est terminée que depuis onze ans. Les plaies (euphémisme !) qu'elle a engendrées sont loin d'être cicatrisées dans le coeur et la mémoire des adultes qui ont survécu, mais toutes les horreurs de cette période sont ressenties de façon forcément moindre par les enfants, les ados, les jeunes gens qui avaient au plus six-sept ans à la fin d'un cataclysme dont ils ne se sentent en rien responsables et qu'ils aimeraient mettre derrière eux sans le pouvoir vraiment puisqu'ils vivent dans une portion de leur pays, malheureusement celle occupée par l'armée soviétique et presque totalement dirigée par des ultra communistes. Et puis éclate l'insurrection de Budapest de septembre-octobre 1956 où, très vite, des centaines d'étudiants hongrois trouvent la mort. Deux des élèves de terminale du lycée de Stalinstadt, qui étaient allés au ciné à Berlin-Ouest, découvrent aux actualités (car à cette époque, les cinés diffusaient des actualités avant le film, personne n'ayant encore la télé) le soulèvement hongrois contre l'occupant soviétique, en parlent au reste de leur classe et celle-ci décide, à la majorité des voix, de faire deux minutes de silence au début du prochain cours pour protester contre le massacre de ces étudiants hongrois. Le prof d'histoire se trouve donc confronté à une classe qui fait silence et ne répond pas à ses questions pendant deux minutes, deux petites minutes de rien du tout, juste l'inverse d'un chahut... qui vont très vite, de fil en aiguille, être considérées comme un acte contre-révolutionnaire quasi fascisant, un inadmissible, intolérable acte de rébellion contre l'État est-allemand. De hauts fonctionnaires sont presque immédiatement dépêchés dans le lycée et s'acharnent à identifier le ou les meneurs afin de les sanctionner. Bref, ces deux minutes de silence vont avoir des conséquences dramatiques pour toute la classe (21 jeunes gens et jeunes filles, si j'ai bien compté).
Les péripéties de l'histoire sont passionnantes et je vous laisse les découvrir. C'est d'ailleurs une histoire vraie qui a vraiment eu lieu, fin 1956, au lycée de Stalinstadt.


Formellement, le film n'a rien d'exceptionnel. La reconstitution de ces années-là (décors, costumes) est correcte, plutôt bonne, sans plus. Idem pour la bande son. La succession des scènes (ou leur montage) est assez habile, pleine de souffle, sans temps mort, en tout cas je l'ai trouvée telle. Mais ce qui fait la vraie force du film, c'est l'histoire elle-même, le découpage du scénario, les personnages mis en scène, la troupe des acteurs qui personnifient les élèves (extrêmement attachants), les parents, les profs, la hiérarchie des fonctionnaires de l'État. J'ai été complètement pris par cette histoire (sa montée en pression), la sincérité de ces élèves, leur honnêteté, leur solidarité. On est forcément de tout coeur avec eux, forcément bouleversé par ce qu'ils vivent et la façon dont ils résistent, réagissent. Et aussi par l'attitude des parents. Il y a une noblesse de coeur chez beaucoup des protagonistes de cette histoire qui m'a beaucoup touché.
Je me répète : le film est de facture très classique, il n'a pas l'apparence, les "atours" d'un chef d'oeuvre, mais l'histoire qu'il raconte, pourtant sans maestria particulière, est magnifique. Ces jeunes gens sont magnifiques. Leur attitude face au danger, à l'injustice, à l'oppression administrative et étatique est magnifique. Je n'avais qu'une envie à la fin du film : être avec eux dans le train qui les emporte vers leur destin.


P. S. Le titre allemand du film Das schweigende klassenzimmer, autrement dit "La Classe silencieuse", est beaucoup plus sobre que La Révolution silencieuse (titre adopté par les distributeurs français) et... je le préfère.
Autre chose : J'ai mis "8" au film pour rester raisonnable, mais au sortir de la projection, j'avais vraiment envie de mettre "10".

Fleming
8
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le 3 mai 2018

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