Cette expression galvaudée semble avoir été inventée pour ce film.
En effet, si cette histoire n'était pas vrai de A à Z, personne n'aurait osé l'écrire et personne n'aurait osé y croire, même dans un James Bond.
Car, oui, Mesdames et Messieurs, l'ombre de Bond plane sur cette histoire. Le scénario abracadabrantesque échaffaudé par le bureau n° 13 est l'oeuvre de nul autre que Ian Fleming, au service secret de sa Majesté.
Mais si on laisse de côté l'histoire extraordinaire, voilà un film d'espionnage tout à fait passionnant.
A un moment crucial de la guerre (en 43 je crois), alors que les alliés doivent débarquer sur le continent pour changer le cours de la guerre, Hitler les attend, comme de juste, en Sicile. Afin de faire croire aux Allemands que le dit-débarquement est prévu en Grèce, les services secrets vont monter un bobard énorme : faire trouver sur les côtes espagnoles le corps d'un officier transportant des courriers dont l'un d'eux contient une fuite sur le "débarquement en Grèce". Pour que cette histoire fonctionne, Ewen Montagu et Charles Cholmondeley, aidés de leur équipe du service du contre-espionnage, vont trouver un corps, créer de toute pièce le Major Martin, lui créer un passé, un présent, une identité et le lacher dans les eaux froides de la méditerranée dans les temps pour que les espions nazis du coin puissent tomber sur leur fausse information.
Le film est extrêmement bien fait. Techniquement irréprochable, il entretient un suspense indispensable, une très grande tension tout en étant très distrayant et parfois drôle. De l'humour britannique, pince sans rire et un peu noir, bien évidemment.
On suit sans une once d'ennui ces hommes de l'ombre, par vraiment des James Bond bondissants et séducteurs mais dont le cerveau bien tordu fascine tout autant.
Colin Firth est aussi impeccable que d'habitude en gentleman anglais tout en retenu, avocat d'origine juive dont le départ de sa femme laisse avec un grand vide et qui se prend peut-être un peu trop au jeu du Major Martin. Il est juste et toujours charismatique.
Matthew MacFadyen (qui d'habitude est sur la liste des acteurs que j'évite) est ici tout aussi impeccable et vole même la vedette à mon Colin (mais dans la guerre des Darcy c'est ce dernier qui gagne haut la main). Il a aussi un personnage plus intéressant à jouer, bizarre et torturé, complexe et bourré de tocs et tics.
Les 2 héros sont complémentaires et les acteurs aussi.
S'ajoute à ce duo de choc une fort belle distribution britannique avec Kelly Macdonald fine et subtile, Jason Isaacs qui arrive à être inquiétant même en étant du côté des gentils et Johnny Flynn qui campe un Ian Fleming discret mais dont la présence est très reconnaissable.
Pour les fans de Bond, on voit passer quelques inspirations de Fleming pour la création de son héros et de son univers : M, Q, les gadgets, ils sont là! C'est anecdotique mais c'est réjouissant.
Le film s'attache à décrire avec minutie la minutie justement de ces espions de bureau à créer une hisoitre crédible, on suit avidement les rebondissements, les aléas, les mensonges et les écrans de fumée, le luttes intestines aussi, les jalousies et la débrouillardise.
Voilà une histoire passionnante et un film très bien fait!