Operation Mincemeat nous offre une immersion assez originale dans la Seconde Guerre mondiale, puisque le long métrage se propose d’articuler l’espionnage et le film d’arnaque sur fond de comédie noire : les jeux de mots fusent, notamment lorsqu’il faut trouver un noyé dans les morgues – « aller à la pêche aux indices » par exemple –, et imposent un léger décalage pince-sans-rire très anglais qui détonne compte tenu du classicisme de la mise en scène, au demeurant élégante et fluide.
John Madden refuse le grand-spectacle et privilégie l’intimité d’une guerre perçue par le biais de la bureaucratie ; il réalise un divertissement ludique et pédagogique qui s’appuie sur des acteurs convaincants. Et si sa démarche esthétique demeure limitée à ce constat, elle n’en demeure pas moins efficace. La partition musicale que signe Thomas Newman, aérienne comme à son habitude, fait planer sur le récit une tension diffuse des plus mémorables qui décuple la puissance des plans bien photographiés par Sebastian Blenkov. Dit autrement, Operation Mincemeat conjugue des talents au service d’une œuvre sérielle réussie.