Peu convaincue
Le sujet abordé est intéressant, ainsi que les problématiques soulevées : relations entre macroéconomie, géopolitique et stratégie de guerre tout au long de la deuxième moitié du vingtième siècle.....
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le 16 juil. 2011
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J'étais intéressé de voir ce documentaire dont j'avais entendu parler. Je voulais connaître les théories avancés. Comme prévu, je n'ai rien découvert. Je connaissais déjà toutes ces thèses. (Y compris celle qui prétend que le capitalisme se nourrit de crises...) N'allons pas par quatre chemins : ce documentaire est de la pure propagande de A à Z, bourré de mensonges, d'approximations, d'amalgames, de simplisme, de mauvaise foi, de désinformation et de démagogie. Je suis d'autant plus à l'aise pour le dire que lorsque j'étais plus jeune, j'étais absolument friand de ce genre de film, que je prenais pour argent comptant. C'était encore l'époque où j'étais fan de Pierre Carles, Michael Moore et d'autres. J'aurais vu La Stratégie du Choc à l'époque, je l'aurais probablement adoré, il aurait certainement flatté tous mes préjugés de l'époque.
Les chocs qui sont décrits dans le film ont presque toujours conduit à un élargissement et à un approfondissement des pouvoirs de l’État et non à leurs restrictions ou diminution. Mais, bien sûr, le film ne le dit pas, car ça colle très mal avec sa thèse. Pour une critique plus détaillée, on pourra se référer à l'article (qui concerne plutôt le livre) sur le site Contrepoints et surtout à l'article The Klein Doctrine : The Rise of Disaster Polemics de Johan Norberg.
Je recommande aussi chaudement aux adorateurs de ce film de lire l'ouvrage de Jean-François Revel : La Grande Parade dont certains chapitres constituent une réfutation de ce "documentaire" dix ans avant que celui-ci ne sorte. Un extrait parmi d'autres :
L'impuissance à décoller de l'économie de la Russie et des autres pays de l'Union des États indépendants, après la dislocation de l'Union soviétique, ne vient pas d'un excès de libéralisme. Elle vient plutôt du fait que le libéralisme n'a même pas commencé à y être appliqué. Il suppose en effet des règles juridiques, des structures politiques et des savoir-faire économiques que les peuples de cette partie du monde n'ont pas reconstruits, parce que leurs gouvernements n'y trouvaient pas leur intérêt. Il ne faut pas confondre le capitalisme démocratique avec le communisme en décomposition.
— Jean-François Revel, 2000.
Quant à moi, je citerais un romancier péruvien, qui écrivait à propos de Friedrich Hayek :
Les ignorants et ses ennemis, obstinés à caricaturer la vérité afin de mieux la réfuter , sont seuls à croire que le marché est un système de libre échange. L'oeuvre entière de Hayek est un prodigieux effort scientifique et intellectuel en vue de démontrer que la liberté de commercer et de produire ne sert à rien — comme le vérifient ces nouveaux venus à la philosophie de Hayek, les ex-pays socialistes d'Europe centrale et de l'ex-Union soviétique et les républiques mercantilistes d'Amérique latine — sans un ordre légal strict qui garantisse la propriété privée, le respect des contrats et un pouvoir judiciaire honnête, capable et totalement indépendant du pouvoir politique. Sans ces exigences de base, l'économie de marché est une pure farce, c'est-à-dire une rhétorique sous laquelle se poursuivent les exactions et la corruption d'une minorité privilégiée aux dépens de la majorité de la société.
Ceux qui, par naïveté ou mauvaise foi, arguent aujourd'hui des difficultés que traversent la Russie, le Venezuela et d'autres pays qui entreprennent (et souvent mal) le passage au marché, pour prouver l'échec du libéralisme, devraient lire Hayek. Ainsi ils sauraient que le libéralisme n'est pas la libération des prix et l'ouverture des frontières à la concurrence internationale, mais la réforme intégrale d'un pays, sa privatisation et décentralisation à tous les niveaux et le transfert à la société civile — à l'initiative des individus souverains — de toutes les décisions économiques. Et l'existence d'un consensus quant aux règles de jeu qui privilégient toujours le consommateur sur le producteur, le producteur sur le bureaucrate, l'individu face à l'État et l'homme vivant et concret d'ici et de maintenant plutôt que cette abstraction : l'humanité future.
— Mario Vargas Llosa, Paris, 31 mars 1992.
Créée
le 14 mai 2013
Modifiée
le 26 août 2013
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