Et bien voilà je continue ma petite virée dans le monde merveilleux du réalisateur Norman J Warren qui nous a quitté dans l'indifférence générale en Mars 2021. Norman J. Warren est un réalisateur britannique des plus sympathique, non seulement pour avoir œuvré toute sa vie et de manière indépendante avec une indéfectible passion dans le cinéma de genre mais aussi pour une poignée de films tirant joyeusement le bis vers la série Z. Le réalisateur du formidable (Dans son genre) Réveillon Sanglant sortait en 1978 ce Terror rebaptisé de manière très opportuniste et mensongère La Terreur des Morts Vivants en France.
Il n'est effectivement absolument pas question de morts vivants dans ce film et pas tellement de terreur non plus d'ailleurs. La Terreur des Morts Vivants raconte comment une sorcière sur le bûcher lance dans son dernier souffle une malédiction sur ses bourreaux et ses descendants pour des générations et des générations à venir. 300 ans plus tard un réalisateur de film d'épouvante et dernier descendant de cette famille maudite va réveiller la malédiction.
Norman J. Warren a toujours été un réalisateur très inspiré mais essentiellement par le travail des autres. Avec La Terreur des Morts Vivants le réalisateur britannique rend hommage, ou bien il copie sans vergogne c'est aux choix, les maitres de l'horreur transalpine que ce sont Mario Bava et Dario Argento. Car La Terreur des Morts Vivants est un film qui évoque Le Masque du Démon, Suspiria, l'esthétique et la grammaire cinématographique du giallo. Filtres de couleurs primaires très vif, scènes forestière sous la pluie, pension pour actrices, sorcière maléfique, meurtres à l'arme blanche; de toute évidence Norman J Warren a vu Suspiria et ne s'embarrasse pas de principes pour en copier de très nombreux éléments. L'esprit du Giallo souffle donc fortement sur le film dont les meurtres au couteau évoque vraiment les meilleurs moments du genre, à défaut d'originalité Norman J Warren fait preuve d'une belle efficacité avec l'amour du sang et de l'effet gore qui le caractérise.
Si La Terreur des Morts Vivants fait souvent preuve d'efficacité et parvient même à surprendre avec le flashback très malin sur l'origine de la malédiction présenté comme un film dans le film, il reste au bout du compte un pur film à la Norman J Warren à la fois foutraque, généreux et fauché et donc terriblement attachant. L'histoire du film part assez vite en sucette puisque la sorcière censée pourtant s'attaquer au descendants de ses bourreaux commence à tailler en pièces tout le casting sans trop se soucier de leur arbre généalogique. En même temps avec un seul et unique héritier de la malédiction c'était difficile d'offrir aux spectateurs son quota de meurtres pour tenir la distance. Du coup La Terreur des Morts Vivants part souvent en vrille nous proposant à espace régulier des scènes assez surréaliste comme une voiture qui s'envole dans les arbres, un technicien attaqué par de la pellicule de film ou un type monolithique et silencieux poursuivant une jeune femme en trainant les pieds pour terminer sur une révélation à la limite du gag. Conscient de la dimension érotique et sexuelle du giallo Norman J Warren se croit même obligé de mettre dans son film une séquence de striptease aussi gratuite que totalement vulgaire.
Mais le meilleur reste tous ces moments durant lesquels La Terreur des Morts Vivants glisse doucement vers l'humour involontaire et les instants ou la poésie des douces effluves du navet commencent à venir nous chatouiller les narines et provoquer un sourire de plaisir incontrôlable. Les apparitions du spectre de la sorcière dans une fumée de boîte de nuit et son rire forcée du style MOUWAHAhahaHAHA sont par exemple un pur moment de délice tout comme le flic qui attend sagement adossé à une porte de se faire écraser par sa voiture avant de finir par mourir en tirant la langue et léchant les essuies glace. On meurt d'ailleurs assez souvent en tirant la langue dans le film comme l'atteste la mort du premier personnage attrapé par un bras sortant d'un mur (??). On pourra aussi s'amuser en voyant un réalisateur de film érotique tentant maladroitement de filmer une séquence torride dans une baignoire avec des acteurs aussi nuls que bien trop habillés.
La Terreur des Morts Vivants est donc une bonne vieille série B suffisamment barrée et amusante pour passer un très bon moment et le film confirme la singularité attachante de son réalisateur. Du coup je crois que je vais continuer à ma mater la filmographie du bonhomme et des critiques de Inseminoid et L'esclave de Satan devraient bientôt pointer le bout de leur museau ici en plus de celles des films Outer Touch , Le Zombie Venu d'Ailleurs et Réveillon Sanglant déjà disponibles.
La critique illustré c'est ICI